1/10 – De tout ton corps tu joueras

J’ai déjà confié la rédaction de trois articles sur mon blog à Laurence, une ancienne élève.

Pendant plus de dix ans, Laurence a pris des cours en présentiel avec moi. Elle a découvert dernièrement l’une de mes formations en ligne, le pack niveau avancé de la méthode C.L.É.É. Ses objectifs étaient d’accélérer sa vitesse de lecture pour déchiffrer plus facilement et se réconcilier avec les lignes supplémentaires, sa hantise !

Comme annoncé dans son dernier article, Laurence va développer chacun de ses « 10 piliers », ce sont ses repères fondamentaux qui lui servent de fil conducteur. Conceptrice-rédactrice, elle met en scène ses textes à travers des « sketchnotes » ou « croquinotes », une manière très visuelle de communiquer.

(Si vous voulez en savoir plus sur Laurence, découvrez son témoignage sur mon approche pédagogique et sur l’intérêt des cours-formations en ligne par ici. Le regard, côté utilisateurs, est toujours intéressant.)


Bienvenue dans cette série de 10 articles !

A travers ces rendez-vous, j’aimerais partager ma pratique au piano. Ces 10 repères, acquis pendant mes années de cours aux côtés de Marie-Cécile, continuent de me guider.

Jouer « face au piano » ou « avec le piano »

Contrairement aux autres instruments à cordes, il n’est pas évident de « faire corps avec son piano », de ressentir les vibrations de cet « instrument-meuble », tout de noir vêtu et se tenant à distance. C’est encore plus complexe de ne pas jouer sur son propre piano (souvent le cas quand on joue devant un public). Il faut alors entrer en contact avec un inconnu…

Je n’ai pas oublié la reprise de mes cours en janvier 2008 avec MC (Marie-Cécile) sur son impressionnant piano à queue. Ce jour-là, il y a eu un déclic. J’ai réalisé que ma relation au piano, sur le sien comme sur le mien, relevait du combat…

Grâce à ses observations, j’ai pris pleinement conscience du toucher sur le clavier, de ma posture, de l’ancrage au sol. Un changement s’est amorcé ce jour-là…

Une autre manière « d’être au piano »

 Si je m’éloigne de cette manière d’être pendant mes séances de travail, je suis moins efficace. Cette prise de conscience m’a permis de gagner en confiance et de me sentir solide, notamment quand je joue en public. Connectée au son, le mental a moins de prise. Vous savez, la petite voix qui vient nous saboter, elle peut aller s’accrocher au porte-manteau de mes peurs qui se trouve à distance ! 

Je réalise que ce croquis en couleurs va m’aider à visualiser ce vers quoi je cherche à tendre. Car pour être totalement honnête, cette scène, c’est le scénario idéal ! 😁 Mon état fluctue beaucoup. J’ai toujours l’impression d’être sur un fil ténu, de plus en plus épais au fil du temps.

Ce premier cours a marqué le début d’un long chemin, ponctué de belles rencontres. Motivée par la curiosité de découvrir des voies nouvelles, j’en ai poussé des portes !

Ce qui m’a aidé…

La pratique de la gymnastique posturale : Pilates, de Gasquet, le Yoga

Des séances chez des ostéopathes pour libérer des blocages

Un intérêt nouveau pour l’anatomie : articulations, muscles…

 L’onychophagie ! Cela sonne tout de même mieux que de dire que je me suis rongée les ongles (cela m’arrive encore parfois). La pulpe de mes doigts s’est ainsi développée, seul point de contact avec le piano à part le pied. Je ne conseille pas d’en faire autant mais quand je vois quelqu’un jouer avec des ongles longs, cela me penser aux griffes d’un chat qui court sur le parquet !

Les p’tits trucs de MC

➡︎ Se filmer en train de jouer pour observer sa posture

 Cela reste entre nous, je n’avais pas suivi les conseils de MC (oups !). Et puis un jour, j’ai eu l’occasion de voir un film tourné pendant l’une de mes interventions en public.

 Au secours ! J’ai pris conscience d’un tic : ma tête faisait des va-et-vient. Quel drôle d’air en plus de polluer ma posture !

➡︎ Jouer avec un coussin sur la tête pour se grandir

 Une façon toute simple d’avoir conscience de ce fil qui nous grandit.

 Le but n’est pas de jouer avec un manche à balais dans le dos mais de prendre conscience des mouvements inutiles et parasites.

➡︎ Rester connecté(e) à la pédale

Même quand je ne l’utilise pas, mon pied reste contact avec la pédale, en veillant à ne pas déclencher le mécanisme (selon sa sensibilité).

 J’ai mis un peu de temps à comprendre précisément où placer le pied au centre de la pédale : entre les orteils et le début de la plante.

Mon rituel en 3 étapes

 1. En m’asseyant « au piano » (et non « devant le piano »), je suis attentive à mes points d’appui : pieds et bassin. Je prends le temps de régler la hauteur du siège si je joue sur un piano qui n’est pas le mien.

2. A l’écoute de ce que je ressens, je vérifie que mes épaules sont bien relâchées et je recule légèrement le menton pour allonger ma colonne vertébrale.

 3. J’effleure le clavier en prenant conscience du contact des touches sous mes doigts.

CONCLUSION

Grâce à cet article, j’ai mis en mots et en images ce qui relève du ressenti. Ce partage d’expérience est une démarche passionnante qui va ancrer ce 1er pilier ! MERCI.

A la fin de chaque thématique, je terminerai par une question : «  Comment percevez-vous votre corps quand vous jouez ? »

Vous pouvez partager votre réponse et vos expériences en lien avec ce sujet dans les commentaires ci-dessous. Je suis curieuse de lire le témoignage d’autres pianistes…

Cliquez ici pour accéder au pilier n°2 !

 P’TIT QUIZ : Les portées du croquis en couleurs sont extraites d’une vraie partition. De quel morceau s’agit-il ? Indice : j’y fais référence dans la vidéo. Même s’il n’y a rien à gagner, je vous propose de relever le défi. Qui va trouver la réponse ?

Autres articles de Laurence :

Témoignage Le piano et moi

Partager le plaisir de jouer du piano

Être confiné au piano

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4 commentaires

  1. Bonjour,

    Merci pour tous ces conseils précis généreusement distillés… Que peut-on répondre à la remarque  » tel ou telle pianiste autodidacte ( ou pas ) ne s’est jamais posé autant de questions sur sa posture, ses gestes, et sa façon naturelle de bouger au piano ne semble entraver ni son talent ni la musicalité, la qualité du son…  » ?…. A propos des ongles, je débute au piano, mais je fais de la guitare classique depuis longtemps. J’essaie d’avoir les ongles de la main droite le plus court possible mais on entend quand même  » les griffes du chat qui court sur le parquet « … Je crois qu’il n’y a pas de solution pour ça, ni sur le fait que la guitare semble être jalouse du piano et vice et versa…;)
    Merci en à vous et à M.C.

    ps : le commentaire de Pierre, kiné, mériterait quelques éclaicissements.

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  2. Pingback: Partager le plaisir de jouer du piano… enfin ! - Apprendre à jouer du piano

  3. Bonjour, merci pour le partage d’expérience.
    « Reculer le menton » : en Qi Gong on préfère dire : étirer le haut du crâne, ce qui amène le menton à reculer. La démarche n’est pas tout à fait la même, moins de risque de tension. Plus d’étirement global de la colonne; Plus de douceur.

    Répondre
  4. Intéressant…..les postures au piano…et je dirai même plus…l’ergonomie au poste travail…importent…il es vrai…
    En tant que kiné..je conseille tours d’avoir une activité qui travaille dans le sens inverse de celle qui provoque la douleur…concrètement…si on a une activité en flexion articulaire…eh bien on fait des exercices en extension …et inversement…
    Voila☺
    Bon piano
    Pierre

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