Solfège ou tuto ?
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Voici aujourd’hui un podcast sur une question récurrente, et qui fait beaucoup couler d’encre et de salive : celui du solfège. Faut-il faire du solfège ou suivre des tutoriels sur internet ?
Le format audio (ou podcast) est pour moi un moyen de vous parler en direct de manière simple de ce qui me tient à coeur, sans prendre trop de temps de préparation et de montage comme le fait la vidéo. Je parle un peu comme ça vient sur un sujet comme je le ferais dans une conversation avec vous en buvant un café. Si vous voulez suivre les prochaines publications de ce type, vous pouvez les suivre en plus du blog sur Itunes, en tapant apprendre à jouer du piano.
Ci-dessous la transcription texte de ce podcast :
Bonjour, c’est Marie-Cécile, du blog www.apprendre-a-jouer-du-piano.com.
Je voulais vous parler aujourd’hui d’une question, d’un sujet, qui revient souvent dans les cours, qu’on me pose souvent.
Un sujet qui fait peur, c’est celui du solfège.
C’est une chose qui fait peur, et je trouve qu’on ne devrait pas en avoir peur à ce point.
C’est une croyance qu’on a développé ces dernières années. Il y a même très longtemps maintenant je pense.
Une croyance que le solfège est difficile.
Oui il a été difficile pour beaucoup de monde dans certains contextes. C’est-à-dire en école de musique, en conservatoire, avec certains professeurs qui n’étaient pas forcément heureux de faire ce qu’ils faisaient. Mais bon, ils faisaient ce qu’ils pouvaient avec les moyens qu’ils avaient. Ils essayaient d’apprendre la lecture de notes, le rythme, à leurs élèves. Mais voilà, eux ils auraient bien aimé faire de la musique, se faire plaisir. Ce n’était pas leur truc d’enseigner le solfège.
Pourtant moi j’ai connu des profs, par contre, qui adorent faire ça. Vraiment. C’est leur truc. Ils sortent d’un cours de solfège, ils sont vraiment en joie d’avoir pu partager la musique. Et je pense qu’avec ces profs-là ça se passe beaucoup mieux.
Donc il faut arrêter avec ce sujet quoi. Il y a un moment où stop quoi.
En fait la question de fond c’est « Qu’est-ce que vous voulez faire ? ». « Qu’est-ce que vous voulez faire au piano ? »
Parce que si vous m’écoutez c’est pour faire du piano.
- Qu’est-ce que vous voulez au piano ?
- Vous cherchez quoi ?
- Vous cherchez à jouer quoi ?
- Est-ce que vous cherchez à jouer juste une musique que mamie aime bien et le lui jouer dimanche prochain parce que ça la surprendrait et ça lui ferait plaisir ?
- Est-ce que vous voulez jouer une polonaise de Chopin ?
- Est-ce que vous voulez faire des concerts ?
- Est-ce que vous voulez être prof de piano ?
- Qu’est-ce que vous voulez faire ? Quel est votre but ?
Je vais vous le dire très clairement. Si vous voulez jouer les grands tubes du piano, j’en parlais dernièrement sur le blog.
Si vous voulez jouer ces grands tubes du piano, oubliez les tutos.
C’est pas possible.
Alors si, si vous voulez faire juste le thème et puis ça vous convient. C’est-à-dire juste apprendre la mélodie et vous trouvez ça chouette et ça vous suffit, là alors le solfège il n’y en a pas besoin.
En revanche si vous voulez jouer tout le morceau et qu’au bout d’un moment vous avez appris la mélodie et vous trouvez que ça ne vous suffit pas, que vraiment c’est dommage, comme y’a pas la main gauche ça sonne pas bien, et que vous êtes frustrés, bon ben là il va falloir vous y mettre.
Il n’y a pas le choix.
Les tubes du classique, ce n’est pas possible d’apprendre ça sur un tuto. Il faut arrêter cette croyance.
C’est pas possible.
Je ne dis pas que les tutos c’est mal. Vraiment pas. C’est pas mon sujet.
Les tutos c’est super parce que ça permet à certaines personnes qui veulent juste jouer leurs morceaux favoris, leur thème favori, d’essayer. Et en plus ça leur permet peut-être de toucher pour la première fois au piano. Et puis sans peur, sans prof, ils peuvent repasser le truc mille fois.
En plus c’est du boulot les gens qui font du tuto.
Moi maintenant, qui me suis penchée sur la vidéo, je sais que c’est difficile.
Je ne suis pas là du tout pour critiquer ça.
Je pense que ça a sa place le tuto actuellement. C’est vraiment un super moyen de démarrer. De commencer à jouer.
Parce que finalement quel est le premier frein de n’importe quel pianiste ?
C’est le fait de ne pas jouer.
Donc au moins le tuto ça vous met devant le piano et ça vous dit « Maintenant tu enfonces cette touche-là. ». C’est quand même la première base avant toute chose.
Mais après si vous voulez jouer des morceaux classiques, du Bach, du Mozart, du Beethoven.
J’en ai plein qui arrivent en cours, qui voudraient jouer ça. Je suis ravie parce que je vois que la musique classique a encore de beaux jours devant elle.
Là il va falloir vous y mettre au solfège. Et ce n’est pas si compliqué que ça.
Il faut arrêter avec cette croyance.
Oui c’est du travail. Un petit peu tous les jours. Mais vous allez y arriver, il n’y a pas de souci.
- Il faut les bonnes méthodes.
- Il faut pratiquer.
- Il faut bousculer de temps en temps les méthodes et des fois en changer.
Et puis ça va venir.
Je sais pourquoi, beaucoup de gens ont de mauvais souvenirs donc ils en parlent de manière traumatique.
Mais il y a vraiment moyen d’apprendre ça en ayant toujours le lien avec l’instrument. En essayant toujours de voir dans la musique pourquoi on apprend ça. Y’a moyen. Vraiment.
Il faut que vous arrêtiez de croire que c’est pas possible, que c’est dur etc.
Apprendre la lecture de notes ça se fait.
Apprendre la clé de sol et la clé de fa, vous bossez régulièrement pendant 6 mois, presque tous les jours, et c’est bon ! Vous connaissez la clé de sol et la clé de fa !
C’est fait et on en parle plus !
Qu’est-ce que c’est dans une vie 6 mois ! 6mois de 5 minutes par jour de lecture de notes.
C’est quoi franchement ?!
Oui ‘est sûr, c’est pas demain. C’est pas demain. C’est pas « Apprenez le solfège en un jour » que je vous conseille.
Mais c’est pas non plus 6 ans.
Alors bien sûr il y a des choses que vous ne saurez pas tout de suite. Mais la lecture de notes c’est bon. Ça se fait. Lecture de rythme c’est un peu plus compliqué parce qu’il y a plusieurs façons de l’aborder et puis ça dépend de choses plus corporelles. Ça dépend de votre passé.
Donc ça c’est un peu plus complexe.
Mais même les rythmes, je veux dire les rythmes simples, en quelques mois c’est acquis.
Vous les lisez bien et puis vous pouvez vous faire plaisir sur vos premiers petits morceaux.
La question de base elle n’est pas « Solfège ou pas solfège ? ». Elle est « Qu’est-ce que vous voulez faire ? »
Je l’ai déjà dit tout à l’heure mais je le redis.
C’est pas possible d’apprendre même un morceau. Vous pourriez vous dire « Bon allez un morceau je vais peut-être y arriver. ». Mais non, ce n’est pas possible. Le cerveau ne peut pas gérer une telle complexité d’écriture.
C’est comme si vous preniez un enfant de 5 ans et puis vous essayez de lui faire apprendre par cœur, s’il est motivé, une pièce de Racine ou un roman. C’est complexe ! C’est quelque chose de très long. Il faudra qu’il le répète par cœur. Mot par mot.
Ce n’est pas possible ! Il faut d’abord qu’il sache lire pour découper par petits bouts, pour comprendre chaque phrase de l’intérieur pour se la répéter, la relire…
C’est pas possible. C’est pas gérable. C’est trop complexe.
Autant c’est possible en variétés. Sur certaines chansons. Ce sont des harmonies qui peuvent être assez simples.
Et quand je dis ça ce n’est pas du tout péjoratif. C’est juste que souvent les chansons elles sont construites sur 3 ou 4 accords.
Donc vous apprenez ces 3 ou 4 accords, vous apprenez la mélodie par cœur, là sur un tutoriel, et allez hop c’est parti !
Là effectivement vous pouvez commencer à vous faire plaisir et vous avez jamais appris la moindre note de musique.
Et je peux même vous dire qu’il y a des musiciens de variétés, de rock, des musiciens professionnels, qui ne connaissent rien, y’en a de moins en moins mais quand même, il y en a beaucoup encore je suis sûre, qui ne connaissent pas une note de solfège. Et ils n’ont jamais fait de rythme solfégique.
Et ils gagnent leur vie quand même avec la musique.
Donc je ne suis pas en train de dire que vous ne pouvez pas faire votre métier dans la musique sans savoir le solfège.
Mais en tout cas, si vous cherchez à faire du classique, ça ne sera pas possible.
Voilà. Voilà pourquoi, ce n’est quand même pas un hasard quand même que dans les écoles de musique on apprend le solfège aux gens.
Ce n’est pas forcément toujours bien fait, c’est difficile à faire.
C’est compliqué à associer.
On a un passif d’école de musique et des structures qui sont difficiles à changer.
Elles évoluent avec le temps. Et ça va toujours de mieux en mieux.
Mais c’est long à faire et c’est normal.
Mais voilà, ce n’est pas un hasard.
Ce n’est pas possible.
J’espère que j’ai répondu à vos questions, à votre questionnement sur le sujet.
C’est mon opinion à l’heure actuelle.
J’ai vu plusieurs élèves ces dernières années qui arrivaient avec des tutoriels et j’ai joué le jeu. J’ai dit « D’accord, par de problème, on fait à partir du tutoriel. »
Je leur ai montré le tutoriel, je les ai même aidés, je leur ai remontré moi-même sur l’instrument. Et bien ça ne rentre pas.
Ça ne rentre pas.
Alors il y en a qui ont une bonne mémoire et qui arrivent à aller vraiment très très loin dans l’apprentissage. Mais ça ne va pas au bout.
Ça ne peut pas aller au bout.
Ça peut aller au bout sur des morceaux assez simples et puis c’est vrai qu’il y en a qui ont une mémoire vraiment exceptionnelle.
Mais dans la plupart des cas ça ne passe pas.
C’est surtout pourquoi décider que c’est difficile ?
Forcément si on dit que c’est difficile, et c’est un peu ça le problème de fond, notre époque aussi par rapport à ce sujet-là. C’est que tout le monde dit que c’est difficile. Alors comment voulez-vous qu’on apprenne ça de manière fluide ?
En commençant en disant « Ah ça va être difficile. ». Non.
Oui c’est du travail un peu tous les jours, mais non. On finit toujours par y arriver.
Moi j’étais loin d’être un crack. J’ai eu des difficultés d’apprentissage à l’école. Ça a été long mais j’ai fini par avoir une médaille d’or de solfège.
Bon ça s’appelle formation musicale maintenant en école de musique. Mais j’ai eu ma médaille d’or de formation musicale même avant celle de piano.
Parce que j’ai aussi rencontré les bonnes personnes. Ça joue quand même aussi hein.
Ça vient. Et ne serait-ce que ça. Dans votre tête.
Changez la façon de voir ça. Ne vous dites pas que c’est difficile. Dites-vous « Allez le solfège c’est facile, ça va venir ! »
Le solfège si on bosse ça vient. Et pour n’importe qui. Faut pas être intelligent. Ça vient. Pas de souci.
Voilà j’espère que ce type de podcast vous a plu.
Si ça vous a plu n’hésitez pas à me laisser un commentaire, à vous inscrire à ce podcast, ou sur le blog https://apprendre-a-jouer-du-piano.com.
Bonne musique !
Bon piano !
Au revoir.
On pourrait ajouter que c’est infiniment moins difficile d’apprendre le solfège que d’apprendre à lire.
Et ce n’est qu’un départ il faut ensuite apprendre la téorie musicale puis l’harmonie, le contrepoint, l’analyse , l’instrumentation et ‘orchestration.
Savoir lire une partition , c’est être libre d’apprendre tout les morceaux que l’on aime. Alors oui c’est beaucoup de travail , il faut de la méthode , de la patience , de la rigueur , mais avec le temps c’est du pure plaisir !
Finalement on comprends que le solfège est juste là, comme un outils permettant d’aller plus loins pour mieux comprendre, entendre et apprendre de nouveaux morceaux. Mieux on sait lire , plus vite on apprends et plus vite on pregresse et ainsi de suite sans limite..
Tout à fait Fab, merci pour ce commentaire. Il est sûr que l’apprentissage est loin d’être rapide et « un long fleuve tranquille », mais le jeu en vaut la chandelle ! Et il faut aussi être bien accompagné… ça aide grandement.
Bonjour Marie-Cécile,
Merci pour votre podcast « Faut-il se mettre au solfège ou tout ça ne sert à rien ? ». Je vous apporte modestement mon témoignage…
Je suis un vieux débutant, puisque j’ai commencé à 56 ans, il y a 4 ans et demi. Pendant quatre ans, je n’ai pas cru utile d’apprendre le solfège : à quoi bon, je n’avais aucune intention professionnelle. Et c’est vrai qu’avec l’aide de quelques bons tutoriels, j’ai pu me faire plaisir en jouant des morceaux que j’aimais. Mais un seul à la fois. Car dès que j’en apprenais un autre, le précédent s’évaporait peu à peu de ma mémoire, et tout était à recommencer ! Quant au classique… dès qu’une pièce durait plus de deux ou trois minutes… même pas en rêve !
Alors, au bout de quatre ans, il y a six mois environ, j’ai failli abandonner. Failli seulement car au bout de quelques semaines, ça me manquait vraiment : j’étais coincé ! J’ai voulu alors savoir si tout cela était bien normal. J’ai pu par hasard rencontrer quelques pianistes. Et le pire fut qu’ils avaient l’air étonné de mon « handicap » mémoriel. Seulement tous savaient lire une partition. Sans trop y croire, et en dernier ressort, je m’y suis mis.
Le bilan est clair : au bout de cinq mois, maintenant, disparus les problèmes de mémoire ! J’ai fait plus de progrès en ces quelques mois que pendant mes quatre années gâchées de stagnation.
Mais le plus paradoxal est que je ne voulais pas apprendre le solfège car je ne voulais que me faire plaisir en jouant. Or à ma grande surprise, au bout de trois mois, j’ai commencé à « entendre » de la musique en lisant une partition, sans la jouer, comme lorsqu’on lit un roman et qu’on imagine les personnages. Puis dès qu’on joue les premières notes, pour de vrai, c’est comme si les personnages sortaient du livre et que vous les rencontriez, en chair et en os. Le plaisir devient intense, et vous ne les oublierez plus jamais !
Non, le solfège n’est pas une corvée : c’est une source de plaisir supplémentaire !
Bonjour Didier, je me permets d’intervenir dans votre échange avec Marie-Cécile (j’ai la chance que ce soit mon professeur de piano). Je ne parviens pas pour ma part à ouvrir le podcast. Comment avez-vous fait ? J’ai malgré mon travail toutes les peines du monde à intégrer ce solfège que je pense nécessaire pour obtenir le plaisir dont vous parlez. Peut-être avez-vous une piste à partager sur la manière dont vous vous y êtes pris pour le travailler ? En tout cas, merci de partager votre enthousiasme ! Isabelle
Bonjour Isabelle,
Pour la lecture du podcast, certains navigateurs ne permettent pas la lecture directe. Il faut alors télécharger le fichier son en cliquant sur le petit lien « Télécharger » sous la barre de lecture du podcast. Après il suffit d’ouvrir le fichier et votre ordi le lira.
Pour la lecture des partitions, j’ai une prof de piano depuis 4 mois qui m’a fait jouer des partitions très très simples avec le numéro des doigts au dessus de chaque note. Progressivement, il y avait de moins en moins de numéros, jusqu’à ce qu’il n’y en ait pratiquement plus. C’est un peu comme les roulettes en vélo : on les remonte, de plus en plus haut, puis on les enlève, et là… sauf qu’en piano, si on trébuche, pas besoin de mercurochrome 😉
Il y a une méthode qui fait cela (celle avec laquelle j’ai travaillé) :
« Carl Czerny – Erster Lehrmeister Opus 599 »
Elle est téléchargeable gratuitement (car dans le domaine public) sur le site de l’IMSLP à l’adresse :
http://imslp.org/wiki/Practical_Exercises_for_Beginners,_Op.599_(Czerny,_Carl)
Mais malgré tout, c’est assez long et assez difficile. L’essentiel est de progresser, peu importe à quelle vitesse.
J’espère vous avoir aidé un peu…
Didier
Oui tout à fait. Peu importe le temps que cela prend. L’important est d’avancer. Ceci étant dit, il existe des méthodes plus ou moins rapides et plus ou moins adaptées aux différents types d’apprentissage.
Merci d’avoir pris le temps d’aider Isabelle.
Merci beaucoup Didier pour votre réponse. Pour le podcast, c’est le lien qui ne marche pas pour moi (alors qu’il fonctionne d’habitude !) Je ne sais si je suis la seule. Pour la méthode, je regarderai cela et Marie-Cécile jugera si cela correspond à mon besoin ! Je persévère dans mon apprentissage et cela m’encourage de savoir que nous sommes un certain nombre dans cette recherche… Bonne continuation à vous dans votre pratique pianistique.
Merci pour ce retour Isabelle. Quelqu’un d’autre rencontre t’il ce problème par rapport à la lecture du podcast ci-dessus ?
J’ai corrigé le problème je pense… Isabelle ? ça marche sur Safari ?
Merci infiniment David pour ce témoignage fort intéressant. Je vois régulièrement chez mes élèves ce type d’histoire, mais c’est un plus pour moi d’avoir un retour d’expérience par écrit ici !
Les personnes « non averties » associent souvent l’apprentissage du solfège à un besoin « pour les professionnels », alors qu’il s’agit d’autre chose : l’écrit. C’est comme si on décidait demain de ne plus apprendre la lecture systématiquement aux enfants, parce que ça n’est pas ludique et de le réserver aux personnes voulant exercer un métier… On voit l’absurdité de la chose. Le solfège est comme tout type d’écrit le moyen d’accéder aux pensées des autres sans les connaitre, qu’il soit vivant ou mort. Un moyen d’autonomie… vers les richesses que représentent les musiques sortant de l’ordinaire et touchant le plus grand nombre par leur coté exceptionnel.