Comment déchiffrer et jouer les ornements au piano ?
Quel pianiste n’est jamais tombé sur ces petits signes mystérieux sur sa partition ?
Des hiéroglyphes dont il a du mal à comprendre la signification précise, ou à retenir les règles. À sa décharge, l’usage des ornements en termes de notation et d’exécution a souvent changé à travers l’histoire musicale. Ils ont même donné lieu à de nombreuses controverses entre théoriciens et musicologues à diverses époques.
J’ai tenté de regrouper toutes les informations indispensables à connaître sur le sujet, afin de vous faire gagner du temps et si vous avez déjà des notions, d’abattre les quelques doutes que vous pourriez encore avoir.
Prêt à orner vos morceaux ?
C’est parti.
À quoi servent les ornements :
Ils servent à enrichir une mélodie, lui apporter de la variété. Ils permettent aussi de corser les passages avec des notes longues, dans lesquels on pourrait éventuellement “s’ennuyer”.
Renforce le son d’une note, attire l’attention sur elle.
Très employé en musique Baroque pour le clavecin, cet instrument étant non dynamique, c’est-à-dire sans possibilité de jouer plus ou moins fort. Le seul moyen de faire durer une note, ou de l’accentuer, était de l’orner.
Les ornements sont aussi employés en Jazz, une musique de tradition très improvisatrice.
Un peu d’histoire :
On les appelle aussi des notes d’agrément. Ils se présentent sous forme soit de petites notes, soit de signes, ou plus rarement en abréviations de termes musicaux.
L’âge d’or des ornements est évidemment au 17ème, avec la musique baroque, style très orné dans tous les arts.
C’est également l’âge d’or du clavecin, instrument sans possibilité de dynamique en termes de volume. Les ornements étaient idéaux pour lui permettre de pallier cela.
Les musiciens de l’époque étaient tous aussi improvisateurs. L’usage étaient bien souvent de partir d’une partition, d’une mélodie, pour enjoliver, broder autour pour renforcer les notes que l’on voulait mettre en valeur.
Les signes indiquant aux musiciens les ornements sur la partition apparaissent au 16ème siècle.
Au 17ème et 18ème, la musique Baroque orne donc sa musique à tour de bras ! Certains compositeurs ont même leurs propres règles, ce qui n’arrange pas les pianistes modernes assoiffés de règles absolues.
Ensuite les signes perdent progressivement leur usage durant la période romantique au 19ème, au profit de notes de taille plus petite que les autres notes de la partition.
Les compositeurs à travers les siècles montrent une tendance à aller toujours vers plus de précisions. Il est alors logique qu’ils aient éprouvé le besoin à un moment donné d’écrire précisément ce qu’ils voulaient qui soit joué plutôt que de mettre un signe qui peut porter à confusion pour le non initié.
Les prérequis pour comprendre :
Pour bien comprendre tout ce qui va suivre, il est important de clarifier deux ou trois choses.
La plupart du temps une histoire de note principale à partir de laquelle on va broder, enjoliver, improviser. Toujours être attentif à cette information de base indispensable avant tout ornement.
Au-dessus ou contre quelle note l’ornement est-il écrit ?
Ensuite savoir identifier la note à un ton ou un demi-ton au-dessus ou en dessous d’une note.
Et connaître la tonalité (gamme) dans laquelle le morceau est écrit, afin de respecter l’armure.
Pour savoir si les notes à jouer sont à ton ou un demi-ton de la note réelle, il faut connaître la tonalité et penser en degrés diatoniques.
Positionné avant ou après les notes principales, ils ne comptent pas dans le comptage des chiffres indicateurs de la mesure. Ils prennent du temps sur la durée de la note “normale” qui précède ou sur celle de la note qui suit. On va voir tout cela en détail.
Les voici maintenant dans l’ordre de difficulté et d’arrivée dans l’apprentissage du piano et de fréquence dans les morceaux.
Les ornements expliqués :
Si vous avez déjà pratiqué l’analyse mélodique, vous connaissez peut-être déjà le principe de presque tous les ornements ci-dessous. En effet, le principe des ornements étant de broder autour d’une note appartenant aux accords, ils ne sont la plupart du temps qu’une façon libre ou sans rythme précis d’écrire ce qu’on appelle les notes étrangères en analyse mélodique.
Broderie, retard, anticipation se cachent dans un mordant ou une appoggiature. Ce dernier terme est d’ailleurs employé dans les deux domaines, comme nous le verrons ci-dessous.
Souvenez-vous donc tout le long de votre lecture qu’il s’agit de mélodie ! Toutes les notes écrites ou faisant partie des ornements ont le même rôle mélodique. L’absence d’écriture réelle ou la vitesse des ornements ne doivent pas nous entraîner vers un manque de présence, d’attention à ces notes que l’on doit énoncer comme les autres.
Le mordant :
Le mordant est un aller et retour rapide entre la note écrite et celle située une seconde diatonique au-dessus (degré supérieur de la tonalité), ou en dessous (degré inférieur de la tonalité). En fonction de la tonalité, la deuxième note sera ainsi située à un ton ou un demi-ton de la première.
Il s’agit de l’équivalent de la broderie en analyse mélodique. Comme le mot l’indique, il s’agit d’un mouvement mélodique qui part d’une note réelle, pour aller sur la note au-dessus ou en dessous de manière conjointe, comme pour broder au-dessus ou en dessous. La différence est que les notes sont écrites sur la partition et ont un rythme qui compte dans la mesure.
On peut aussi voir cet aller et retour comme une portion de trille (voir plus bas), avec juste ses trois premières notes.
La troisième et dernière note ont une durée relative à la durée de la note sur lequel il est indiqué et au tempo également.
Un aller et retour depuis la note écrite jusqu’à la note.
Supérieur :
Indiqué par des petites notes ou deux vaguelettes sans le barré.
Remarque : Le trille étant une prolongation de cet ornement, le signe est le même mais prolongé également.
Inférieur :
Le mordant inférieur est indiqué par le même signe de deux petites vagues, mais barré cette fois. Imaginez que la barre est écrite de haut en bas, comme pour dessiner le mouvement descendant de la mélodie.
Il peut s’écrire aussi de ces deux façons :
L’appogiature :
De l’italien “appoggiare” qui veut dire appuyer.
Ce terme est aussi employé en analyse mélodique, pour une note qui ne fait pas partie de l’accord en cours, mais jouée en même temps que celui-ci. Cela forme la plupart du temps une dissonance particulièrement savoureuse, qu’il est bon de faire ressortir en appuyant celle-ci. La tension ainsi créée se résout ensuite sur une note réelle de manière conjointe.
Par extension donc, on appelle aussi appoggiatures ces notes de petite taille positionnées avant une note de taille standard.
Deux sortes:
- Brève
- Longue
Il peut y avoir une ou plusieurs notes qui forment alors de petits traits mélodiques rapides.
Cela se joue comme un port de voix ou un glissement vers la note. Comme si en arrivant de la note précédente, on se posait un peu trop tôt avant de glisser vers la bonne note.
Sa durée :
L’appoggiature et la note réelle doivent être de même durée que celle indiquée à cette dernière.
Exemple :
Si une croche en appoggiature précède une noire, on jouera deux croches.
Si l’appoggiature est une double croche avant une croche, il faudra jouer deux doubles croches.
Si la note qu’elle précède est une note pointée, elle va durer les deux premiers tiers de la durée.
Son positionnement par rapport au temps :
- les appoggiatures avant le temps (non accentuées), les plus courantes, où la durée est « prélevée » sur celle de la note précédente,
- les appoggiatures sur le temps (accentuées), où leur durée est prélevée sur celle de la note qu’elle précède (suivante).
Avant le temps :
Sur le temps :
Il existe de nombreuses règles et usages qui diffèrent selon les époques pour les appogiatures. Par exemple de dire que lorsque la hampe de la petite note est barrée, il s’agit d’une appoggiature brève et qu’il faut la jouer juste avant le temps. Sinon qu’il s’agit d’une appoggiature longue qui est jouée sur le temps.
Cependant d’autres écrits contredisent cela, et cela va dépendre énormément de l’époque, voire même les compositeurs. Ah là là ces artistes…
Une tendance globale est plutôt que la musique ancienne avant 19 ème positionne l’appoggiature sur le temps, alors que les romantiques avant le temps.
Une autre tendance générale d’interprétation cette fois, est de jouer l’appoggiature sur le temps en l’accentuant. Alors que positionnée avant, l’appui sera plutôt pour la note réelle sur le temps.
La question du tempo rentre aussi en ligne de compte. Dans un tempo rapide, elle est beaucoup plus naturellement positionnée avant le temps, contrairement à un tempo lent où on l’entendra plus expressive sur le temps.
Il est donc intéressant de se renseigner au cas par cas en écoutant différentes interprétations et en faisant également appel à sa culture, son intelligence et son bon sens musical.
Remarque :
On trouve régulièrement des liaisons sur les appoggiatures. Elles ne sont pas nécessaires, car on les joue legato par défaut. Elles sont toujours séparées des liaisons de phrasé associées aux notes normales qui l’entourent.
Le gruppetto
Le gruppetto, de l’italien “gruppetto” qui veut dire petit groupe, est un ensemble de trois ou quatre notes qui forme un mouvement mélodique tournant autour d’une note principale.
Il n’est pas sans rappeler, comme pour le mordant, la broderie. Mais comme le gruppetto fait deux mouvements, on peut le considérer comme une double broderie.
Gruppetto supérieur
Signe de S couché, qui démarre par une boucle montant vers le haut. Il est facile de comprendre le sens du gruppetto en regardant le mouvement que trace la partie la plus épaisse du signe.
L’ornement commence par la note au-dessus de la note principale.
On peut aussi le trouver écrit comme ceci à partir des compositeurs romantiques :
Gruppetto inférieur
Le même signe, mais inversé. Cette fois la première boucle descend.
Encore une fois, repérez-vous au sens du mouvement que trace la partie la plus épaisse du signe.
L’ornement commence par la note en dessous de la note principale.
On peut également le trouver écrit comme ceci à partir des compositeurs romantiques :
Remarque :
Il arrive que les informations au sujet du sens de ce signe ne concordent pas entre les ouvrages de références ou les contenus sur le web… c’est un mystère…
Je vous ai écrit ici ce que je connais depuis toujours et ce qui est le plus couramment enseigné de par le monde dans les écoles de musique.
Lorsque le signe est positionné entre deux notes, il indique de jouer le gruppetto juste avant la deuxième. Il ajoute dans ce cas quatre notes non écrites, contrairement aux autres cas précédents qui n’en ajoutait que trois.
Dans le cas où il est positionné devant une note pointée, il se joue de telle sorte que l’arrivée du gruppetto tombe sur la valeur de durée du point comme ceci :
Dans le cas où il est positionné entre deux notes de même hauteur, il se joue uniquement avec trois notes et son arrivée correspond à la deuxième note écrite, comme ceci :
Par ton ou par demi-ton ?
Comme pour tous les autres ornements, la règle générale est qu’il faut jouer les notes conjointes autour de la note principale en rapport avec la tonalité dans laquelle se trouve le morceau.
Si on doit jouer des notes altérées par rapport à la tonalité principale, c’est indiqué avec une altération au-dessous s’il s’agit de la note du dessous, et au-dessus s’il s’agit de la note du dessus. Le gruppetto est alors altéré.
Comme pour l’appoggiature, on peut le trouver avec une liaison, mais cela ne change rien à l’exécution par défaut qui sera toujours legato.
Le trille
C’est en quelque sorte l’équivalent du vibrato chez les instruments à cordes. Une manière de renforcer une note, de l’accentuer, de la faire durer en l’alternant avec une note avec laquelle elle rentre en dissonance, en vibration.
Il devient très important à partir de Beethoven où il est rallongé. Il s’insère alors dans la mélodie elle-même, perdant presque son côté ornemental.
Le signe est noté avec un Tr en italique, suivi ou non d’une ligne ondulée en zigzag ou vaguelettes.
Il s’agit d’alterner la note écrite avec la note conjointe qui se trouve juste au-dessus d’elle. Là encore, il s’agit de respecter les notes de la tonalité, sauf indication contraire.
Remarque importante : Le rythme et le nombre de notes écrites n’est qu’indicatif dans toute cette section consacrée au trille. Vous devrez adapter selon le contexte.
La durée des trilles :
En général, les trilles courts sont indiqués comme ceci
On trouve parfois une petite note entre parenthèses, mais elle n’est pas nécessaire en réalité, puisque le trille se joue toujours avec la note du dessus.
Les trilles altérés :
Lorsque la note supérieure doit être altérée, il y a une altération :
- au-dessus des lettres tr
- au-dessus de la note principale
- entre le signe tr et la ligne ondulée
Dans tous les cas, il s’agit bien d’altérer la note non écrite avec laquelle la note va être alternée.
Exemples :
Rappel : La note écrite est toujours la plus grave.
Dans un trille, il est souvent noté deux ou trois phases. Voici ce qu’on peut trouver :
- La préparation
- Le trille
- La terminaison
La notation de phases avant et après le trille classique :
La préparation :
La petite note est la note avec laquelle vous devez démarrer le trille.
Commencer par la note écrite
Remarque : quand il n’y a aucune petite note ajoutée, on commence par défaut par la note écrite.
Commencer par la note conjointe au-dessus :
Commencer par la note conjointe du dessous :
La terminaison :
Il faut terminer par le même mouvement mélodique que les petites notes écrites.
Remarque : dans les tempos lents, on peut ralentir la terminaison pour revenir progressivement au tempo environnant.
Le tremolo
Issu par son nom de l’italien “tremolo” qui signifie tremblant ou “tremolando”, en tremblant.
Ce dernier ornement est plus rare est surtout présent dans le grand répertoire du piano, à partir du 19ème siècle. Il est particulièrement adapté au côté dramatique de la période romantique, évoquant un grondement de tourmente intérieure.
On le trouve aussi beaucoup en Jazz.
Comme pour les autres ornements, il peut être écrit en notes réelles ou avec son signe d’abréviation. Il s’agit, pour cette dernière, d’une ou plusieurs barres horizontales et légèrement inclinées de mêmes épaisseurs que les ligatures (barres horizontales qui relient les croches ou doubles croches entre elles). Mais contrairement à ces dernières, elles ne relient pas forcément les hampes.
Deux possibilités :
- Elles barrent la hampe d’une seule note : répéter très rapidement cette note.
- Elles sont situées entre deux notes : alternance rapide entre ces deux notes.
On peut également le trouver indiqué par les abréviations “trem.” ou même Tr. comme pour le trille, mais sans la ligne ondulée.
Il existe 4 types de trémolos, décomposés pour l’explication en deux catégories mélodique et rythmique.
Deux types de trémolos mélodiques :
- Répétition rapide de la note, comme un roulement de timbales.
- Sorte de trille, mais cette fois entre deux notes formant un intervalle disjoint (plus grand que la seconde), le plus courant étant l’octave.
Deux types de trémolos rythmiques :
- Rythme défini
- Rythme non défini
En les combinant, on obtient 4 types de trémolos.
Au piano, le trémolo de répétition est rarement utilisé, contrairement au trémolo en octave ou en accord.
Le trémolo de répétition :
Il s’agit de répéter très rapidement une note. Au piano ce n’est pas chose aisée. Le plus souvent, on conseille de changer de doigté à chaque note en partant d’un doigt long (3 ou 4) pour rétrograder vers le pouce et repartir en boucle :
Exemple 4-3-2-1-4-3-2-1, etc.
On utilise la technique du staccato de poignet, en assouplissant au maximum celui-ci et en trouvant un mouvement qui s’autogénère pour fatiguer le moins possible.
Le trémolo trille disjoint :
Situé entre deux notes, alterner celles-ci comme dans le trille.
Le geste est bien différent de ce dernier, car il engage le pivot de l’avant-bras autour d’un axe central traversant du coude à la main (mouvement de poignée de porte).
Ce mouvement peut être très fatiguant pour l’avant-bras, si la main n’est pas stable sur son arche pouce-auriculaire, et s’il y a la moindre crispation de coude ou de poignet. Le bras doit être maintenu en suspension par l’épaule afin de ne pas ajouter une charge inutile au mouvement, et qui pourrait même l’entraver.
Le trémolo à rythme défini :
Le nombre de traits horizontaux indique quel débit doit être utilisé pour répéter ou alterner les notes désignées.
Ce nombre obéi à la même règle que les ligatures classiques entre les hampes :
- Une barre signifie jouer en débit de croche
- Deux barres en doubles croches
- Trois barres en triples, etc.
Le trémolo à rythme non défini :
Il arrive que certains trémolos n’aient pas véritablement de débit précis souhaité par le compositeur. Dans ce cas, il faudra juste le jouer le plus vite possible pour vous, tout en respectant le style et le contexte musical.
Ils sont représentés par au moins trois traits horizontaux ou par l’abréviation “Trem.”.
Le tremolo peut aussi alterner des accords ou doubles notes, voire être à cheval sur deux portées comme ci-dessous :
Comment bien jouer les ornements au piano :
Tout d’abord et avant tout, il est important de dédramatiser les ornements. Avant de faire de beaux trilles longs et réguliers de pianiste chevronné, il est tout à fait acceptable et normal d’en faire de moins longs et moins rapides.
Il est très important également pour votre technique d’ornement de ne pas oublier de “dire” les notes comme les autres. Ne pas vider les notes des ornements de leur présence et couleur sonore, sous prétexte qu’il s’agit d’aller vite. Comme pour les traits rapides à un niveau avancé, nous devons “chanter”, “dire” la mélodie des ornements. Comme elles ne sont pas écrites ou alors en tout petit, nous sommes amenés naturellement à ne pas leur donner assez de temps et de présence.
Maintenant que ceci est dit, cela ne veut pas dire que nous devons les alourdir !
Bien au contraire !
Veillez à toujours leur donner une direction et savoir quelle note vous visez, quelle note doit être appuyée musicalement (accentuée). Les notes des ornements ne doivent pas recevoir le poids du bras. Celui-ci doit être en train de tomber pendant le jeu des ornements pour se poser sur la note visée. Voilà pourquoi il est important de la désigner.
Il s’agit en général d’un lancé de note, un glissement, un frôlement, mais dans tous les cas il n’y aura qu’un seul geste de bras pour tout l’ornement.
Comment prendre de la vitesse :
Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet, mais l’idée première est d‘accélérer la descente et la répétition de chaque doigt individuellement avant de vouloir les enchaîner rapidement.
Vous pouvez donc vous entraîner en tenant toutes les notes de l’ornement enfoncées, tout en répétant tour à tour chaque note. C’est ce qu’on appelle des exercices de tenues, mais au lieu de le faire sur les notes d’un accord, on le fait sur les notes de l’ornement qu’on veut travailler.
Vous accélérez ensuite la répétition en passant d’un tempo de noire, à celui d’une croche, puis d’une croche de triolet et enfin d’une double croche.
Cet exercice est déjà une très bonne base pour accélérer.
Souvenez-vous également que pour aller vite au piano, la démarche intérieure essentielle est de chercher à “lâcher”. Se détendre et prendre du recul. Englober les notes dans de grands gestes uniques.
Plus vous crispez et “voulez” aller vite à tout prix, moins vous y arriverez.
Petite image pour illustrer :
Si vous voulez qu’un âne avance plus vite, vous le chargez encore plus ?
Non?
Alors allégez votre bras.
Si vous voulez qu’un âne avance plus vite, vous lui donnez des coups de fouet ?
Heu… ça va plus le bloquer qu’autre chose.
Votre corps fonctionne pareil.
Attention ! Loin de moi l’idée de vous traiter d’âne ! 🙂
Et si je n’y arrive pas malgré tout :
Peut-être que c’est encore trop tôt pour vous. Certains fondamentaux de la technique ne sont pas encore assez solides pour vous. Le plus couramment la construction de la voûte de la main est certainement encore trop fragile.
Vous levez peut-être aussi trop les doigts. Restez contre, voire dans la touche.
Apprenez à assouplir votre poignet ! À lui donner la permission d’accompagner votre geste.
Dernier frein dont je voudrais vous parler, un facteur encore psychologique : la peur de la vitesse. Deux causes de cette peur :
- Les ornements sont connus pour être des notes jouées très rapidement.
- Ils ne comptent pas dans l’addition globale des durées dans chaque mesure. Donc ils n’existent pas en quelque sorte temporellement.
Oui, les ornements sont des notes plutôt rapides, voire franchement véloce. Mais la plupart du temps, on les imagine plus rapides qu’ils ne doivent l’être réellement.
Chantez et dites ces notes comme si elles étaient écrites vraiment sur la partition. C’est ça l’important. La vitesse viendra naturellement avec le temps. Ce n’est pas elle le but, mais plutôt d’orner la mélodie.
Ce n’est pas parce que les ornements ne comptent pas dans le comptage des temps indiqués par des chiffres indicateurs de la mesure, qu’ils ne comptent pas en réalité dans l’exécution. Essayez toujours de les traduire en rythmes mesurés connus et bien réels dans la période d’apprentissage de vos morceaux. Rien que de les penser en notes normales va vous aider considérablement à les dédramatiser et donc à les accélérer sans même vous en rendre compte.
Voilà ! Il y aurait encore beaucoup à dire à ce sujet, mais tout ne peut pas tenir sur un article et tout cela s’apprend avec le temps aussi.
J’espère que cet article vous a plu et appris des choses. Si c’est le cas, partagez-le avec quelqu’un que cela pourrait intéresser ou aider. Et dites-moi dans les commentaires ce que vous avez comme problèmes avec les ornements !
Avant tout, merci pour votre article et votre blog de qualité !
J’aurais une question à laquelle je n’ai pas trouvé de réponse claire. Pourriez-vous peut-être me donner quelques éclaircissements ?
Je cherche à savoir comment terminer un trille. Faut-il toujours finir par la note de départ, soit en jouant un nombre impair de notes, ou faut-il terminer par la note du dessus, soit en jouant un nombre pair de notes ? Dans les ouvrages théoriques, il est indiqué de terminer le trille (simple sans terminaison) par la note du dessus. Est-ce systématiquement le cas ou cela dépend de l’interprétation ? Pour exemple, dans le Nocturne posthume de Chopin en Do # mineur, faut-il terminer le premier trille de la pièce (fa#-sol#) par FA# ou SOL# avant la terminaison mi-fa# qui suit le trille ?
Merci beaucoup !
je n’ai pas trouvé ce que je cherchais : dans une partition de JCF Bach j’ai tantôt un mordant, tantôt un grupetto – pas de problème. Mais j’ai aussi un grupetto écrit au dessus d’un mordant – alors la je sèche comment jouer cet ornement ?
Merci pour votre réponse
Très utile ! Mais votre texte pourrait-il être imprimé en clair, sans les brouillages en début de pages ?