2/10 Le souffle comme un fil tu suivras
Il y a quelques temps, je vous invitais à lire un article de Laurence, une élève, amie et rédactrice de métier. Elle avait eu l’idée de partager 10 piliers qui l’ont particulièrement aidé dans mon enseignement, ce que j’ai accepté avec enthousiasme. Qui de mieux qu’une pianiste amateur, au sens noble du terme, peut exprimer ce que vous ressentez peut-être aussi et vous aider en vous partageant son vécu.
Suite à une reconversion professionnelle, Laurence accompagne des seniors dans la réalisation de livres de vie. Elle propose aussi des « rencontres autour du piano » dans des résidences services et des Ehpad. Je suis extrêmement admirative de son parcours et de sa démarche qui éclaire de joie les visages de nos aîné(es).
Si vous n’avez pas lu le premier, je vous invite à commencer par cliquer ici.
Je vous laisse en bonne compagnie.
Mon 2e pilier, dans la continuité du premier
Des balises me donnent un cap depuis l’arrêt des cours avec Marie-Cécile. Elle m’avait mise sur la voie de la prise de conscience corporelle : l’attention au corps est devenue mon 1er pilier.
Le 2e, en lien direct, est la respiration.
Jouer avec son corps, en respirant
Avant de commencer à jouer, je prends toujours quelques secondes pour vérifier mon assise sur le tabouret, mon ancrage au sol et ma posture : épaules relâchées, bras détendus et sommet de la tête étiré vers le ciel (cf. 1er pilier). Après ce « scan corporel » mon attention se porte sur mon souffle : je prends conscience d’un cycle continu, celui de l’inspiration et de l’expiration.
Cet air qui entre et sort par les narines est devenu un « fil » précieux qui me rassure. Avoir conscience de ma respiration, c’est le meilleur moyen de ne pas me retrouver en apnée quand je joue, surtout en public !
Avez-vous déjà observé ce qui se passe quand vous êtes sous stress ? La respiration se bloque, la panique monte, la vitesse de jeu augmente…
En la matière, je reviens de très loin ! Quand j’ai repris le piano à l’âge adulte, je tremblais de trac dès que je jouais devant quelqu’un, sans pouvoir contrôler mes mains « parkinsoniennes »… et je n’exagère pas. Aujourd’hui, je joue devant un auditoire (de une à 200 personnes) avec un immense plaisir.
Le p’tit truc de MC
Deux fois par an, Marie-Cécile organisait des après-midis musicaux avec ses élèves des cours particuliers. J’adorais ces moments de partage autour d’une passion commune. Chacun était invité à jouer librement. Pour moi, la musique, ça se partage alors je bravais (avec courage) mon trac !
C’était alors une épreuve. Pour m’aider à respirer, MC m’avait conseillé de mettre quelques gouttes de parfum à l’entrée de mes narines pour focaliser mon attention sur le souffle ! J’ai même utilisé le complexe Rescue (Fleurs de Bach). Je souris à ce souvenir. Que de chemin parcouru depuis plus de dix ans…
Un travail de fond qui porte ses fruits
En rédigeant cet article, je me souviens d’un livre que MC m’avait fait découvrir : « Ouf ! Je respire… 65 exercices pour souffler enfin ». Cet ouvrage annoté est encore en bonne place dans ma bibliothèque. Il explique simplement la physiologie de la respiration. J’ai découvert entre autres ce qu’était le diaphragme ! Être relié à son corps, c’est aussi comprendre “comment ça marche” !
A peu près à la même époque, MC m’avait fait découvrir le Pilates, une gymnastique posturale avec des exercices précisément calés sur « l’inspir » et « l’expir ».
Avant que la pratique de la méditation soit médiatisée, elle m’avait prêté un livre de Matthieu Ricard sur le sujet (que j’ai acheté et que j’offre souvent) : “L’art de la méditation”. Méditer est bien plus facile qu’il n’y paraît. Oubliez l’image du yogi en tailleur sur son tapis en lévitation !
Méditer, c’est un entraînement à la portée de tous : porter son attention sur sa respiration (au niveau des narines, de la poitrine, du ventre…), laisser passer les pensées qui se succèdent, et revenir encore et encore sur l’observation de son souffle. Nous pensons tout le temps, c’est bon signe : nous sommes vivants ! La pratique quotidienne de la méditation est précieuse pour se concentrer sur le son quand on joue du piano.
Grâce à Marion, une ex-élève de MC, devenue une amie, j’ai découvert le programme MBSR ou “réduction du stress basée sur la méditation de pleine conscience”. Je l’ai suivi pendant plusieurs semaines (en mode distanciel dès la 2e séance en raison du premier confinement de 2020). L’attention au souffle fait désormais partie de ma vie quotidienne, tout particulièrement quand je joue du piano.
Au-delà de cette fonction vitale qui est une alliée en toute situation, je suis également de plus en plus attentive au « souffle des morceaux »…
Quand la respiration apporte le bon geste
A l’issue du 1er confinement, j’ai éprouvé l’envie de prendre des cours de chant. Quelques années plus tôt, une première tentative avait échoué… et pour cause ! Ma respiration était “thoracique” et non “diaphragmique”. En résumé : mon ventre rentrait sur l’inspiration et se gonflait sur l’expiration (certains d’entre vous se reconnaîtront sans doute…).
Depuis ces cours de chant que je poursuis régulièrement, j’ai remarqué qu’au piano, je suis beaucoup plus attentive au phrasé. Quand un phrasé n’est pas clair, le geste ne l’est pas. Je réalise que je bute systématiquement sur ce passage. Alors je chante, ce qui induit le mouvement juste, surtout de la main droite (celui du chant). Je “sens” également beaucoup mieux l’anacrouse, cette entrée dans un morceau qui n’est pas évidente à saisir.
Même infime, un silence équivaut à respirer
Dans le cycle continu de la respiration, j’ai pris pleinement conscience de cette « pause magique », entre chaque inspiration, et chaque expiration. Bien que très bref, cet instant tient une grande place.
Au piano, je ressens cette subtile articulation entre chaque phrase.
Quant aux valeurs de silence qui sont écrites… je les savoure pleinement !
LA MUSIQUE, C’EST AVANT TOUT UNE HISTOIRE DE RESPIRATION.
CONCLUSION
Rien n’est jamais figé dans la vie. On n’a jamais dit son dernier mot ! Mon expérience vous ouvrira peut-être quelques portes…
Chaque article sur les 10 piliers se termine par une question que voici : « Et vous, avez-vous conscience de votre respiration quand vous jouez ? »
Vos retours dans les commentaires m’intéressent. Partageons-les (tout en bas de la page) !
Cliquez ici pour accéder au pilier n°3 !
Pingback: Les 10 piliers issus de ma pédagogie par Laurence - Apprendre à jouer du piano
Merci pour votre article et vos conseils. Votre guide des 10 principes est vraiment un cadeau que vous nous faites car, encore débutant au piano, je me rend compte qu’il n’y a pas de formule miracle mais un tas de choses à prendre en compte dont on prend conscience au fil de l’apprentissage (certainement comme dans beaucoup d’autre domaine).
C’est rassurant et encourageant de lire vos conseils car ils me parlent tout à fait.
En l’occurence ce problème de jouer en apnée me complique bien la tâche car j’ai l’impression qu’il est aussi source de douleurs et de brûlures dans les épaules et le dos.
Merci pour vos recommandations et votre partage d’expérience.
…très pertinente, je voulais écrire…
C’est ma 2e dose de vaccin qui me rend gaga aujourd’hui!!! Désolée…respirons doucement…
Le souffle comme un fil tu suivras ? Voici le 2e commandement du musicien que j’appliquerai assiduement.
Merci pour cette réflexion très perinente