6/10 – La main gauche tu considèreras

Comme la série des 10 piliers s’enchaîne, il devient je pense inutile de vous présenter Laurence qui en est l’auteur.

Le 5e et précédent pilier était axé sur la main droite. 

Le 6e porte maintenant sur la main gauche. La synchronisation des deux mains (avec une lecture dans deux clés différentes) représente à la fois la richesse et la complexité du piano.

Dans cet article, Laurence partage des conseils que je lui ai prodigués il y a plusieurs années maintenant. A travers cet article, je constate à nouveau à quel point mon enseignement a favorisé son autonomie, ce qui était et reste toujours l’un de mes objectifs lorsque j’accompagne les pianistes de PianoMe. 

Elle dit qu’elle entend encore ma voix quand elle travaille ! Quel poids mon dieu ! Je dois être bien pénible dans sa tête… 😁

Voici les commentaires et questions qu’elle a joints à l’article : 

“ En tant que droitière Marie-Cécile, je me pose ces questions : 

  • Les gauchers sont-ils moins confrontés à un déséquilibre ? 
  • Le fait de jouer la mélodie à la main droite est-il une source de difficultés particulières ?”

Je répondrai prochainement à ces questions dans une vidéo sur YouTube. Encore un peu de patience.

Pour découvrir les 5 articles précédents, vous pouvez cliquer ici

Cultiver l’attention de ses deux mains

Un petit pourcentage de la population serait ambidextre. Pour les autres, l’usage d’une main est toujours privilégié car plus habile. Je fais partie de la majorité de la population qui est droitière (85 à 90%). Le fait de jouer la mélodie, le plus souvent à la main droite, accentue cette focalisation au détriment de la main gauche. C’est bien dommage car elle mérite toute notre attention, pour bien des raisons.

Le déséquilibre entre les mains se retrouve au piano
Le déséquilibre entre les mains se retrouve au piano

Pour éviter le déséquilibre du corps, je partage le conseil d’un professionnel de santé : utiliser sa main gauche le plus souvent possible au lieu d’agir avec la droite par réflexe. Par exemple, pour attraper ou porter un objet, ouvrir une porte… ou se brosser les dents, et là, ça se complique ! L’avantage du piano, c’est justement de favoriser cet équilibre.

Parmi les fondations d’un morceau

Quand j’étais en cours avec Marie-Cécile, au stade d’un morceau que j’avais l’impression « d’avoir dans les doigts », je continuais de trébucher sur certains passages. Je me souviens de sa question récurrente : « Laurence, as-tu l’impression de connaître suffisamment ta main gauche et notamment les basses ? ». A l’évidence, la réponse était : « Non ! ».

La connaissance de la main gauche, au même titre que la droite, est une fondation qui consolide un morceau
La connaissance de la main gauche, au même titre que la droite, est une fondation qui consolide un morceau

Quand je me pose cette question aujourd’hui, je vous le confirme : les passages encore fragiles viennent très souvent d’une faiblesse de la main gauche.

Comment pallier ce déséquilibre ? Voici une série de conseils et d’astuces que j’ai retenus.

Développer l’attention des différentes voix

L’intérêt du piano, c’est notamment d’être un instrument polyphonique. L’attention doit se porter sur TOUTES les voix et pas seulement la mélodie jouée le plus souvent par la main droite.

Voici ici réunies les astuces de Marie-Cécile pour y parvenir :

  • Chanter la main gauche en même temps qu’on la joue (cf. 5e pilier)
  • Ne jouer que la main gauche au piano en chantant la mélodie, sans la jouer par la main droite (cf. 5e pilier).
Le violoncelle s’invite pour la basse du piano
Le violoncelle s’invite pour la basse du piano
  • Imaginez un autre instrument pour les notes jouées par la main gauche, par exemple un violoncelle (je me souviens de Marie-Cécile chantant des notes avec une « voix grave » pour favoriser l’appropriation de ce conseil !). Et sur des morceaux de jazz, entendre une contrebasse !

D’autres astuces bien utiles

Bien évidemment, je n’applique pas systématiquement cette manière de travailler… et c’est bien dommage ! Je succombe trop souvent à la tentation de jouer uniquement mains ensemble parce que jouer des deux mains, c’est tout de même l’objectif !

C’est ainsi qu’on en vient à concevoir le morceau en un seul bloc ! Et ça ne pardonne pas quand la mémoire défaille en public. Il devient alors impossible de se rattraper à la mémoire de l’une ou l’autre : tout s’écroule.

La tentation de jouer uniquement mains ensemble est un piège
La tentation de jouer uniquement mains ensemble est un piège

Voici en suivant, deux conseils pour travailler sa main gauche.

Une pratique en or pour certains morceaux

Il est fréquent que chaque temps commence par une basse associée à un accord correspondant (voir exemple ci-dessous). Ne jouer que la basse à la main gauche (et pas le reste des notes), en jouant l’intégralité de la main droite, est un moyen redoutablement efficace d’ancrer le morceau et de blinder la mémoire !

Le 2e nocturne de Chopin est le morceau par excellence pour l’illustrer
Le 2e nocturne de Chopin est le morceau par excellence pour l’illustrer

Une pratique associé au travail technique

Le travail des gammes peut être mis à profit pour rétablir l’équilibre entre l’attention des deux mains :

  • Regarder sa main gauche, en imaginant que c’est elle le moteur
  • Partir du centre du clavier, monter la gamme avec la main droite et descendre avec la main gauche en effet miroir.

Conclusion

Je considérais cet article terminé mais je dois ajouter cette information de taille après avoir regardé la vidéo de présentation de “Jouer Noël au piano”. En écoutant Marie-Cécile présenter les chants que je suis en train de reprendre, je réalise que ma main gauche est bien trop présente ! Je rappelle cette précision (à commencer par moi-même) : considérer sa main gauche, c’est une chose MAIS il faut avoir conscience qu’elle relève de l’accompagnement, dans la plupart des morceaux.

Ce qui est joué par la main gauche lorsqu’elle est accompagnante, doit donc avoir un niveau sonore en-dessous de la partie mélodique, jouée quant à elle en général par la main droite. Ce qui confirme, encore et encore, que la pratique du piano est une démarche sans fin !

Pour rester dans la continuité des autres articles, celui-ci se termine en proposant une question : « Avez-vous conscience de ce que joue la main gauche dans vos morceaux » ?

Il existe un test simple et révélateur : prendre une mesure sur laquelle on trébuche systématiquement et jouer mains séparées à la vitesse. C’est le plus sûr moyen de mettre en lumière les « ZIR » (Zones Incontournables de Retravail). Les habitués de la communauté auront saisi le trait d’humour. Cet acronyme est un clin d’œil aux « ZAP » (Zones d’Apprentissages Prioritaires ») 🙂

Si vous avez d’autres astuces à partager, c’est l’occasion de les partager. Il est toujours intéressant d’échanger entre pianistes.

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3 commentaires

  1. Pingback: Les 10 piliers issus de ma pédagogie par Laurence - Apprendre à jouer du piano

  2. Je rajouterai que le fait de se concentrer sur la main gauche lors du travail d’une oeuvre permet aussi un ancrage harmonique de l’oeuvre qui est un bon point aussi pour la mémoire!
    Musicalement

    Répondre
  3. Bonjour Marie-Cécile, merci pour cet article où je retrouve une stratégie de mon professeur … d’accordéon (…à basses chromatiques)… pour s’apprivoiser au jeu mains gauche et droite simultanées, en chantant la portée d’une main, et jouant au clavier l’autre. Pour moi, çà a marché et çà marche toujours. Ainsi que de s’efforcer à utiliser ses deux mains dans la vie de tous les jours.
    Bonnes fêtes de fin d’année.
    Charlie

    Répondre

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