5/10 – La mélodie, tu chanteras

Après l’article diffusé le mois dernier, je redonne la parole à mon amie Laurence, rédactrice et pianiste-animatrice auprès de seniors pour leur redonner le sourire par la musique. Elle continue sur sa lancée des 5 derniers piliers. 

Ancienne élève, la pratique de Laurence est guidée par l’apprentissage que je lui ai délivré en présentiel pendant plusieurs années à Bordeaux. Aujourd’hui, le sujet qu’elle aborde porte sur l’intérêt d’être en capacité de chanter la mélodie (ou de dire le nom des notes à haute voix), tout en jouant un passage au piano. Il est tellement gratifiant de constater que mes recommandations ont fait leur chemin et portent leurs fruits ! 

Et, elle n’en est pas le seul témoin. En effet, maintenant PianoMe (accompagnement individuel à distance) et le Club des Clénautes (rassemblement spontané de plusieurs pianistes de ma communauté) me font la joie de m’entourer de passionnés comme elle.

Comme nous allons parler de chant, je fais un lien avec la saison d’hiver qui pointe le bout de son nez, surtout au Québec où se trouve actuellement Laurence, hébergée chez Louise, une amie Clénautes. Toutes les deux commencent à reprendre les morceaux de la partothèque de Noël . Voilà une belle occasion de mettre en pratique ce 5ᵉ pilier et de s’essayer à chanter le nom des notes.

Si vous souhaitez accéder aux 4 premiers piliers, cliquez ici.

« Chanter les notes », un conseil… peu écouté !

Plus le temps passe, plus je réalise que Marie-Cécile m’a transmis toute une boîte à outils que j’utilise de manière autonome. Quand elle me donnait des cours, j’en laissais parfois de côté, avant de m’approprier ses propositions ultérieurement… au point de devenir des indispensables !

Planter des petites graines qui germeront avec le temps, c’est tout le savoir-faire d’un bon pédagogue. En cela, Marie-Cécile est un professeur d’exception. Vous vous dites peut-être que je lui passe la brosse à reluire parce que nous sommes amies, cependant je le pense sincèrement ! Et nous sommes nombreux, toute une communauté de pianistes de tous niveaux. 

Revenons sans plus attendre à sa proposition d’outils.

Prononcer le nom des notes en les chantant… ou pas !

Quel que soit le morceau, y compris classique, Marie-Cécile m’invitait parfois à chanter ou dire le nom des notes tout en les jouant (cf. paragraphe suivant sur la manière de procéder). Je bloquais, ne voyant pas d’intérêt comparativement à l’effort que cela me demandait. Elle m’avait proposé une alternative : dire simplement le nom des notes sans obligation de les chanter. Ce qui s’impose d’ailleurs parfois quand les notes sont trop basses ou carrément perchées. Rien à faire, je refusais la proposition.

Dire le nom des notes tout en les jouant au piano, un exercice pas facile.

Avec le recul, cette non-adhésion révélait à la fois une difficulté de lecture à haute voix et un manque de confiance en moi dans ma capacité à chanter en utilisant le nom des notes (je me traînais un blocage des dictées musicales en solfège). 

Pour la petite histoire, les confinements successifs de 2019 et 2020 m’ont donné l’occasion de réaliser des vidéos d’animations au piano pour des établissements pour seniors. Cette expérience m’a incitée à prendre des cours de chant afin d’apprendre à placer ma voix ! Ce fut le déclic : je pouvais désormais assumer de chanter des notes.

Le travail du chant contribue au combo !

Avant de partager tout l’intérêt que j’y ai trouvé depuis, il convient de donner quelques précisions.

Que chanter ou dire et comment ?

Questions-réponses : 

Faut-il travailler tout le morceau de cette façon ?

Le but n’est pas de procéder ainsi du début à la fin. L’objectif est de travailler par phrasé, en priorité ceux qui sont difficiles à jouer techniquement ou à mémoriser parce que trop simples !

Faut-il nommer les altérations ?

Pour un travail à une vitesse lente (ce qui doit être le cas au début), il convient de les nommer. Exemples : fa#, sib mais sans préciser bécarre. Avec l’accélération de la vitesse du jeu, cela devient plus difficile, voire impossible !

D’ailleurs, il n’y a plus d’intérêt à faire ce travail à ce stade-là, devant le clavier du piano. 

Il devient alors possible de travailler son morceau sans piano et sans partition, en marchant, sous sa douche, sur son vélo, en chantant la mélodie !  Les notes sont conceptualisées, avec la conscience de l’altération dans les doigts (mémoire kinesthésique). La conscience de jouer dans une tonalité donnée induit aussi les altérations correspondantes.

Chanter son morceau ailleurs que devant son piano, c’est aussi le travailler !

D’autres parties peuvent-elles bénéficier de ce même travail ?

Le titre de l’article est un raccourci. Si les notes de la ligne mélodique comportent un grand intérêt à être chantées ou prononcées, ce travail est aussi très intéressant pour :

– La mélodie quand elle est jouée par la main gauche

– Les basses à la main gauche

– L’accompagnement, les chants ou contre-chants à la main gauche

« Jésus que ma joie demeure » réunit toutes ces situations dont les contre-chants à la main droite à chanter séparément

De multiples bénéfices par le croisement des mémoires

Cette manière de pratiquer a des effets redoutablement efficaces pour apprendre un morceau, l’intégrer et le retenir par cœur… de façon « bétonnée » !

Ce résultat s’explique par le fait de recourir, en même temps, à trois mémoires différentes :

1. Mémoire visuelle : la note qui se réfère à une portée via le regard

2. Mémoire du phonème : la note que l’on prononce par la voix

3. Mémoire auditive : la note que l’on entend grâce à l’ouïe

Des différentes mémoires qui se consolident entre elles au piano

Et, ce n’est pas tout ! Chaque note sous ces trois angles est associée à un emplacement sur le clavier. Ce qui cultive le lien avec notre instrument. Le piano a l’avantage de faire correspondre une touche à une note.

A  noter : La méthode C.L.É.E de Marie-Cécile, dédiée à la lecture de notes m’a aidée à travailler dans ce sens. J’ai réalisé notamment le décalage de vitesse entre une lecture mentale et verbale !… ainsi que de mes difficultés à corréler les notes clairement sur le clavier.  J’ai clairement progressé sur ces points.

La pratique de la méthode C.L.É.E, un apprentissage de la lecture de notes adaptée au piano.

Conclusion

Après avoir été si réticente à utiliser cet outil au piano, je reviens aujourd’hui régulièrement à cette pratique. Comme pour les autres articles sur la thématique des 10 piliers, ce partage par écrit me permet de l’ancrer encore davantage !

J’oubliais… Il y a un exercice que je me plais à faire pour vérifier ma connaissance du morceau ou ancrer le « par cœur ». Jouer la main gauche en chantant la mélodie (avec ma main droite sur ma cuisse). Bon, là, c’est peut-être niveau Ninja comme dirait Marie-Cécile !

Chaque article se termine traditionnellement en suggérant une question : « Êtes-vous capable de chanter la mélodie de vos morceaux » ? (avec ou sans partition dans le cas d’une interprétation de mémoire).

Le partage, c’est ce qui nous encourage entre pianistes. C’est avec grand plaisir que je découvrirai vos retours.

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9 commentaires

  1. Pingback: Les 10 piliers issus de ma pédagogie par Laurence - Apprendre à jouer du piano

  2. Pouvoir chanter en même temps que l’on joue c’est un moyen radical de vérifier qu’on connaît bien notre main droite ou notre main gauche en admettant qu’on ait une basse chantante. Souvent chanter libère également le jeu
    J’ avais commencé par compter à voix haute… Et bien c’est pas si évident!

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  3. C’est Laurence à nouveau, l’auteur des articles. Voici un autre retour groupé suite aux différents commentaires :
    – Pour Lorenzo : effectivement, chanter c’est aussi un moyen de travailler son oreille… un vrai combo !
    – Pour Rose : c’est normal que ce doit difficile au début de chanter la mélodie en jouant la main gauche, c’était un frein pour mettre en pratique ce conseil. C’est comme tout… c’est en forgeant qu’on devient forgeron !
    – Pour Jean-Paul : c’est le même principe en jazz, comme en classique, choisir de chanter la ligne mélodique que l’on souhaite travailler. On a toujours tendance à opter pour la ligne principale mais c’est intéressant de les travailler toutes idéalement.

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  4. Bonjour Talou, c’est Laurence qui répond (enfin) au commentaire sur le repérage de la « coquillette ». Bravo pour l’œil de lynx. Marie-Cécile l’avait repérée mais sa correction n’avait pas été corrigée. C’est chose faite.
    C’est un plaisir de partager les conseils découverts auprès de Marie-Cécile.

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  5. Pingback: 6/10 - La main gauche tu considèreras - Apprendre à jouer du piano

  6. Bonjour, je me permets de préciser qu’on ne passe pas la brosse à « relire » mais à reluire!
    Merci bcp pour ces conseils qui semblent évidents mais …..il suffisait d’y penser et je vous remercie de l’avoir fait et de nous les faire partager!

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  7. Hey ! Je ne connaissais pas ce conseil, je vais le tester ! Et je me dis aussi que ça doit aider à gagner l’oreille absolue, par on associe peu à peu le son de la note à son nom

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  8. Bonjour,
    À ce stade, je suis incapable de chanter la mélodie tout en jouant la MG !
    Mais je vais m’exercer
    Merci pour toutes ces bonnes infos

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  9. Méthode très intéressante que je compte bien essayer. car je suis a priori convaincu.
    En jazz la mélodie est souvent truffée d’accords quelle note chanter ou prononcer dans ce cas ?
    Merci de votre avis.
    Bien cordialement.
    JP

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