Témoignage Le piano et moi
Je laisse aujourd’hui la parole à une de mes élèves particulièrement passionnée que j’ai vu évolué au fil des années de manière spectaculaire. Il y a encore quelques années, elle présentait de gros blocages dans sa pratique et sa manière d’aborder l’instrument. Maintenant, elle a tellement progressé qu’elle utilise même le piano au sein de son propre travail :
Quand Marie-Cécile m’a demandé de répondre à cette question par écrit : « Quelle place occupe le piano dans ta vie et que t’a-t-il apporté ? », la réponse la plus simple est celle-ci : il suffit de regarder la place qu’il occupe dans la pièce principale de la maison ! S’il n’était pas là, il y aurait un grand vide… tant là où je vis que « là » où je me sens vivante. Le piano, et la musique à travers lui, m’apporte une complétude, surtout les jours en creux.
Je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui si je n’avais pas grandi enfant puis évolué adulte avec lui. C’est une évidence.
Tout a commencé par la chance d’avoir des parents qui m’ont fait le cadeau de placer le piano sur mon chemin à l’âge de sept ans. Je m’y suis engagée, avançant pas à pas pendant dix ans non stop, avec la jubilation des progrès accomplis à force de persévérance.
Puis ma relation au piano est devenue chaotique, avec des silences et des reprises. Pour rester en lien au piano, sans doute faut-il le désirer encore plus intensément que pour tout autre instrument. Car c’est un « poids lourd » ! De l’achat aux déménagements, de la place qu’il occupe au sol à la puissance du son qu’il émet. La pratique demande aussi un investissement en temps et argent avec le coût des cours. Mais le plaisir et le bonheur qu’il procure en échange n’a pas de prix. Apprendre à jouer du piano, c’est expérimenter le goût de l’effort, la discipline, la ténacité et l’humilité.
Le piano, c’est accepter l’éphémère. Des heures, des jours, des semaines et des mois de travail pour parvenir à jouer des morceaux voués à s’étioler s’ils ne sont pas entretenus, comme un jardin en friche toujours prêt à rejaillir à force de travail, même après de nombreuses années d’abandon. Ma motivation m’a fait faire des bonds depuis ma reprise il y a dix ans, avec une clé inattendue apportée par Marie-Cécile : l’improvisation.
Le piano, c’est aussi s’exposer aux autres, à travers un sens qui suscite l’émotion. Jouer, c’est être écouté, se confronter à la peur du jugement, à la crainte de ne pas être à la hauteur, c’est accepter les fausses notes et renoncer à la perfection.
Le piano, c’est ainsi un fabuleux moyen de travailler sur soi. La pratique a ouvert une porte sur mes forces, mes failles et mes zones d’ombre qui s’éclairent pièce après pièce.
Le piano, c’est enfin une formidable opportunité d’échanger autour de ce qui unit et réunit les pianistes et les apprentis pianistes. Grâce aux rencontres proposées par Marie-Cécile, j’ai tissé des liens profonds d’amitié sans lesquels je ne serais pas à 50 ans celle que je suis.
Le piano est une voie vers la joie.
Laurence Saulais, le 4 juillet 2017
Laisser un commentaire