L’Art d’utiliser les exercices de Hanon avec pertinence

Brève histoire de Charles-Louis Hanon et de son fameux recueil d’exercices de technique pianistique

Charles-Louis Hanon (1819-1900) était un organiste, pédagogue et compositeur français. Bien que peu de détails soient connus sur sa carrière en tant que musicien, il a laissé une empreinte indélébile dans le monde de l’enseignement du piano avec son recueil d’exercice techniques plus que célèbre : Le Pianiste Virtuose.

Publié pour la première fois en 1873, ce recueil est rapidement devenu un grand classique de l’éducation pianistique. 

Son objectif était d’améliorer la dextérité, la force et l’agilité des doigts tout en développant la coordination des deux mains. 

Hanon a divisé son ouvrage en plusieurs parties, mais personnellement j’en vois grossièrement trois : 

  1. Des exercices à l’octave sur les 5 doigts
  2. Des gammes et les arpèges 
  3. Des exercices plus avancés de virtuosité

Depuis sa parution, Le Pianiste Virtuose a traversé les époques et les frontières, devenant un manuel de référence dans les écoles de musique et conservatoires du monde entier. Cependant, comme tout ouvrage de ce type comme le Déliateur d’Ernest Van de Velde (surtout connu et utilisé en France), il n’a pas échappé aux critiques, notamment pour son approche mécanique et répétitive.

Dans le Hanon, pas de musique ! 

Attention aux oreilles qui se ferment à son écoute. 

Avertissement important : Comme toute pratique de la technique pure, il est important de réévaluer régulièrement la pertinence et le temps passé en dehors des œuvres et connaître l’objectif recherché. Une répétition d’exercices sans but, en pensant à autre chose est la plupart du temps une perte de temps… 

Les avantages des exercices de Hanon

1. Développement de la dextérité et de l’agilité

L’un des plus grands avantages des exercices de Hanon réside dans leur capacité à renforcer les muscles des doigts et à développer l’indépendance des mains en mouvement parallèle. Dès les premiers exercices, le pianiste est amené à répéter des motifs simples et réguliers qui sollicitent tous les doigts de manière égale. Cela permet de corriger des faiblesses spécifiques, notamment au niveau de l’annulaire et de l’auriculaire, souvent plus faibles que les autres doigts.

2. Amélioration de la précision et de la vitesse

Les motifs répétés dans les exercices de Hanon aident les pianistes à travailler la précision des gestes. En répétant les mêmes séquences à des tempos variés, le pianiste apprend à contrôler la rapidité d’exécution tout en conservant une grande clarté dans chaque note jouée. Cette approche est particulièrement utile pour les passages techniques nécessitant une exécution rapide, comme dans les pièces virtuoses. Reste toujours à connaître le comment faire pour que cela soit utile.

3. Renforcement de l’endurance et de la coordination

L’enchaînement continu de motifs sur plusieurs octaves renforce non seulement la résistance des doigts, mais aussi la coordination entre les mains. En répétant ces motifs dans des gammes ascendantes et descendantes, les pianistes peuvent travailler leur synchronisation des deux mains et développer une fluidité qui leur sera utile dans des œuvres plus complexes, à condition de les transposer aussi dans d’autres tonalités que do majeur.

 4. Simplicité d’utilisation

Un autre avantage est que les exercices de Hanon ne nécessitent pas de compétence théorique et musicale complexe. Ils sont construits sur des motifs simples, accessibles même aux débutants, ce qui permet de se concentrer entièrement sur ses sensations internes et externes pendant qu’on actionne les touches. Les exercices peuvent être facilement intégrés à une routine quotidienne sans nécessiter une préparation mentale ou musicale particulière.

Les inconvénients des exercices de Hanon

1. Un manque de musicalité et de variété

L’un des reproches majeurs faits aux exercices de Hanon est leur manque de musicalité. Les séquences répétitives peuvent paraître ennuyeuses pour les élèves, surtout lorsqu’elles sont pratiquées sans nuances ni variation. Contrairement aux études de Chopin ou de Liszt, qui allient technique et expression artistique, les exercices de Hanon se concentrent uniquement sur la mécanique des doigts.

C’est pour cela qu’il est conseillé de leur apporter du rythme et de changer régulièrement de tonalité, même s’ils sont écrits en do majeur.

2. Risque de blessure si mal utilisé

Pratiquer les exercices de Hanon de manière intensive, dans une nuance forte dès le départ, sans échauffement adéquat ou dans une mauvaise posture, peut entraîner des tensions, voire des blessures aux poignets ou aux mains. Il est crucial d’aborder ces exercices avec prudence et de les intégrer progressivement dans la routine, tout en respectant ses limites physiques. Toujours être à l’écoute de son corps et de ses capacités en toute humilité et avec patience.

3. Réduction de l’expression musicale

Pour certains pédagogue, que je rejoins totalement, l’accent mis sur la répétition mécanique peut nuire au développement de l’expression musicale. En se concentrant exclusivement sur les aspects techniques, le pianiste peut perdre de vue l’importance de l’interprétation et de l’émotion dans le jeu pianistique. C’est pourquoi il est important qu’il ne soit pas le seul recueil d’exercice, et d’alterner la pratique d’exercices issus de matériel différent (Dozen a day, Exercices techniques de la série Poco forte chez Lemoine etc.). Ajouter des études courtes et musicales sera très bénéfique.

Utilisation quotidienne et niveaux adaptés

Niveau débutant

Pour les débutants, à partir d’un niveau 2/10, les premiers exercices de Hanon (1 à 20 soit le première partie) peuvent être utilisés mais avec modération afin de développer la souplesse des doigts et la coordination. 

Il est recommandé de commencer par les dix premiers exercices, à un tempo modéré, en se concentrant sur la fluidité et la régularité. Mais à ce niveau manquant forcément d’indépendance, on devrait limiter la durée des séances pour éviter toute fatigue excessive. Une stratégie d’augmentation progressive du temps passé est primordiale, ainsi que l’utilisation de l’alternance des mains dès que la fatigue se fait sentir.

Il est important également de les transposer, dès que la formule est acquise, en sol majeur et fa mineur, puis progressivement dans les tonalités majeures au fur et à mesure qu’elles sont abordées dans les morceaux. Ceci pour ajouter le jeu des touches noires et obliger le jeu de mémoire centré sur ses sensations internes. Utiliser parfois le jeu les yeux fermés va renforcer la possibilité de se concentrer sur le toucher et la commande des doigts.

En niveau 3/10, on peut apporter les exercices 21 à 30 (deuxième partie).

A alterner avec des exercices plus musicaux, variés et ludiques comme la série A Dozen a Day par exemple.

L’exercice 37 et 38 (pas forcément en entier et à laisser tomber dès que le doigté est acquis), préparant les gammes peuvent aussi être travailler dans l’objectif de commencer l’apprentissage des premières gammes majeures et mineures, importantes à ce niveau.Pour les débutants, à partir d’un niveau 2/10, les premiers exercices de Hanon (1 à 20 soit le première partie) peuvent être utilisés mais avec modération afin de développer la souplesse des doigts et la coordination. 

Il est recommandé de commencer par les dix premiers exercices, à un tempo modéré, en se concentrant sur la fluidité et la régularité. Mais à ce niveau manquant forcément d’indépendance, on devrait limiter la durée des séances pour éviter toute fatigue excessive. Une stratégie d’augmentation progressive du temps passé est primordiale, ainsi que l’utilisation de l’alternance des mains dès que la fatigue se fait sentir.

Il est important également de les transposer, dès que la formule est acquise, en sol majeur et fa mineur, puis progressivement dans les tonalités majeures au fur et à mesure qu’elles sont abordées dans les morceaux. Ceci pour ajouter le jeu des touches noires et obliger le jeu de mémoire centré sur ses sensations internes. Utiliser parfois le jeu les yeux fermés va renforcer la possibilité de se concentrer sur le toucher et la commande des doigts.

En niveau 3/10, on peut apporter les exercices 21 à 30 (deuxième partie).

A alterner avec des exercices plus musicaux, variés et ludiques comme la série A Dozen a Day par exemple.

L’exercice 37 et 38 (pas forcément en entier et à laisser tomber dès que le doigté est acquis), préparant les gammes peuvent aussi être travailler dans l’objectif de commencer l’apprentissage des premières gammes majeures et mineures, importantes à ce niveau.

Niveau intermédiaire

À un niveau intermédiaire (4/10), tous les exercices de Hanon jusqu’au n°36 peuvent être un excellent complément à d’autres études plus musicales. À utiliser comme échauffement tranquille et sans prise de tête dans les moments de reprise après un temps d’arrêt ou de manque d’inspiration autre pour les exercices techniques. Mais toujours en conscience et en écoutant ses sensations.

Bien sûr à ce stade on continue à apprendre toutes les gammes majeures et mineures avec ses variantes d’exécutions. Dans le Hanon, il s’agit donc de toute la partie centrale allant du numéro 39 à 41. 

Mais attention ! Danger ! 

À ce stade, il est pour moi primordial de vous indiquer que les arpèges sont à différer après un travail sur les différents accords de 3 sons, puis leur arpège sans passage du pouce… pour moi c’est une erreur du Hanon que de mettre dans le même panier gammes et arpège avec passage du pouce, comme si ce dernier était une extension de la gamme. Un arpège est une extension d’un accord plaqué, et donc d’une main qui connait ces accords.

Nous avons des accords en cadences parfaites, mais à ce stade il faut s’assurer de connaître d’abord les accords seuls avant de pouvoir les enchaîner…

Ce travail est absent du “Hanon” (et de beaucoup de recueils comme ceux de Schmitt, Paydi, Déliateur etc). D’où encore l’importance que ce ne soit pas la seule ressource d’exercices techniques !! 

Les élèves peuvent pratiquer des séries plus longues d’exercices à un tempo plus rapide, en variant la dynamique et l’articulation pour apporter plus de musicalité à leur jeu. Il est également recommandé de travailler ces exercices en parallèle avec des morceaux pour ne pas se concentrer uniquement sur la mécanique.

Niveau avancé

Pour les pianistes avancés, les exercices de Hanon sont parfois utilisés comme échauffement quotidien, lorsque l’on souhaite se remettre en forme les doigts après un arrêt ou que l’on veut développer son endurance de jeu. 

Tous les exercices après les gammes, des numéros 44 à 60 seront à apprendre progressivement en étant guidé par une personne expérimenté. L’ordre peut être changé bien sûr en fonction des besoins dans les œuvres travaillées simultanément.

Les pianistes peuvent jouer les exercices à des tempos très rapides, en augmentant progressivement la difficulté et le nombre d’altération. Je rappelle encore qu’il est indispensable à ce stade de pouvoir transposer les exercices dans différentes tonalités pour renforcer la compréhension des gammes et des arpèges dans tous les registres du clavier.

Les exercices de Hanon en pratique

1. Personnalisation de la pratique

Bien que Hanon ait conçu ses exercices de manière linéaire, les pianistes peuvent adapter leur pratique pour mieux répondre à leurs besoins. Par exemple, au lieu de répéter les exercices de manière monotone, on peut introduire des variations rythmiques (syncopes, croches pointées-doubles, etc.) ou travailler les exercices dans des registres différents (aigus et graves) afin d’explorer la sonorité du piano.

Vous pouvez varier aussi : 

  • Les tonalités
  • Les nuances (oui, jouer très pianissimo est aussi très utile, ainsi que crescendo et decrescendo)
  • Les articulations
  • Les tempi d’une mesure à l’autre
  • Variation de tout cela entre les mains aussi ! 

Et toujours, toujours prendre soin de la qualité du toucher et du son qui en découle. Le jeu fortissimo très articulé n’est qu’une option de travail parmi tant d’autres ! 

2. Utilisation dans le cadre de la musique contemporaine

Les exercices de Hanon, bien qu’écrits au XIXe siècle, trouvent encore une pertinence dans le jeu contemporain. Ils peuvent être utilisés comme base pour s’entrainer à des œuvres nécessitant des mouvements répétitifs rapides, comme certaines pièces minimalistes ou de compositeurs modernes tels que Ligeti ou Glass, mais il faudra veiller à ne pas y passer trop de temps en dehors des “vraies” œuvres musicales en question.

3. Combinaison avec d’autres méthodes

Pour tirer parti des exercices de Hanon, il est conseillé de les combiner avec d’autres méthodes techniques et études musicales. Les recueils d’exercices comme la série “A dozen a day”, la série Poco Forte à Fortissimo des exercices, les recueils de Brahms, Dohnányi sont excellents. Et ajouter ce type d’exercices indispensable pour moi et totalement absent du Hanon : Les exercices de tenues. 

Des œuvres comme les études de Czerny, Burgmüller, Moszkowski, Chopin ou Debussy offrent un complément musical qui permet de varier la pratique et de ne pas se limiter à un seul type de développement technique.

Conclusion

Les exercices de Hanon, bien que parfois décriés pour leur aspect mécanique, restent un outil intéressant pour tout pianiste souhaitant renforcer sa technique. Utilisés avec intelligence et modération, ils permettent de développer des compétences physiques fondamentales comme l’endurance et la coordination des mouvements parallèles. Adaptés à tous niveaux en dehors du total débutant, ils peuvent être un point de départ puis un complément dans la quête d’une technique solide.

Pour aller plus loin, retrouvez ici mon comparatif des  trois méthodes très connues et traditionnelles dans l’apprentissage du piano.

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3 commentaires

  1. J’ai travaillé, joué tous les exercices de Hanon avec plus de plaisir à mesure que j’avançais, changeant la tonalité, transformant la difficulté (1 main liée /1 main staccato et 1 main Piano/ 1 main MF) . Pour l’endurance je les jouais par 5 exercices à la suite ce qui m’a permis de les savoir par cœur et de pouvoir enchaîner 20 exercices (pour les 40 premiers.
    J’ai eu beaucoup de plaisir à jouer le dernier du livre.
    J’avoue ne plus les donner systématiquement à mes élèves. Aujourd’hui c’est une autre méthode d’apprentissage qui convient à nos élèves.
    Bon Piano et belle musique.
    Françoise Verbregghe

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  2. Merci pour l’info..
    Pierre

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  3. Pingback: HANON, Déliateur et Dandelot, bilan et choix. - Apprendre à jouer du piano

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