Une technique simple et efficace pour mieux mémoriser au piano
Qui n’a jamais connu ce moment de panique en plein morceau : un trou de mémoire soudain, les doigts figés sur le clavier, et cette incapacité à retrouver la suite ? Pourtant, l’œuvre semblait bien apprise, répétée des dizaines de fois… alors pourquoi cet oubli ?
La mémoire musicale : un travail actif
La mémorisation musicale est souvent abordée de manière passive : on répète encore et encore en espérant que la musique « rentre ». Mais cette approche a ses limites. On risque de s’appuyer uniquement sur la mémoire musculaire, qui peut facilement nous trahir sous pression.
Il existe pourtant des méthodes pour ancrer solidement une partition dans notre esprit, en mobilisant plusieurs types de mémoire : auditive, visuelle, analytique et kinesthésique.
Parmi elles, il y une technique qui se révèle particulièrement efficace pour fixer durablement un morceau. Nicole, que j’accompagne dans PianoMe, l’a adoptée et lui a même trouvé un petit nom: le 333.
Mais pourquoi ce nom ? Parce qu’elle repose sur trois étapes claires :
- Jouer 3 fois en regardant uniquement la partition
- Jouer 3 fois en regardant uniquement ses doigts
- Jouer 3 fois en regardant ailleurs (le plafond par exemple) ou les yeux fermés
Avant de vous lancer dans la mémorisation, il est recommandé d’avoir fait tout le travail préliminaire conseillé lors de l’apprentissage d’un morceau (déchiffrage, analyse, écrire ses doigtés, et autres… selon la pièce).
Comment appliquer la méthode 333 ?
- Travaillez lentement et par petits segments, par exemple 2 ou 4 mesures.
- Apprenez d’abord mains séparées. Ne négligez pas la main gauche même si celle-ci paraît simple.
- Solfiez ou chanter le nom des notes pendant que vous jouez pour renforcer la mémorisation.
- Répétez l’opération selon la méthode 333
- Faites le même travail mains ensemble.
Il sera certainement nécessaire de devoir répéter le processus durant 2-3 jours pour consolider cette mémorisation.
Jouer en conscience pour mieux mémoriser
Pensez, ressentez chaque intervalle (tierce, seconde, octave…) et visualisez votre trajet sur le clavier. Cet exercice oblige à se concentrer sur les sensations physiques et aide à développer l’anticipation des mouvements ainsi que l’aisance à jouer sans repères visuels.
Les premières tentatives seront difficiles, voire frustrantes. Vous ressentirez peut-être une fatigue mentale, un inconfort ou l’impression de ne rien retenir. C’est normal ! Mais il est important de persévérer.
Si vous commettez une erreur, ne recommencez pas machinalement. Revenez à la partition, identifiez le problème et corrigez-le immédiatement avant de refaire une tentative de mémoire. C’est ce travail ciblé qui vous permettra de progresser rapidement.
Vous pourriez facilement croire que cette méthode vous demandera trop de temps, mais en réalité, elle est bien plus efficace que de répéter inlassablement.
Pour l’exemple, je l’ai appliquée sur les quatre premières mesures de la première Scène d’Enfants de Schumann. En travaillant voix par voix (3 au total), puis mains ensemble, il m’a fallu 5 minutes. Pour un niveau moins avancé, on peut arrondir à 15-20 minutes.
Patience, persévérance… et résultats garantis !
Je ne vous cache pas que cela demande du travail et de la patience, mais cette méthode a bien plus d’avantages qu’il n’y paraît. En plus de renforcer simultanément plusieurs types de mémoire, elle favorise une pratique plus consciente, améliore la concentration et l’anticipation, et ainsi de gagner du temps.
Essayez-la et constatez par vous-même ses effets. Vous pourriez être surpris de la rapidité des résultats !
Si vous souhaitez aller plus loin sur mes idées pédagogiques, Marie-Cécile m’a gentiment proposé de partager avec vous ma nouvelle chaîne YouTube que vous trouverez ici: https://www.youtube.com/@OlivierMarinPiano
Olivier MARIN
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