Progressez au piano grâce à la psychologie de la performance
Lors d’un évènement international rassemblant plusieurs centaines de personnes à Bruxelles, je rencontrais un homme qui a tout de suite retenu mon attention par le sujet qu’il traite : comment améliorer l’apprentissage par les découvertes scientifiques de ces dernières années. Il s’agit de Roman Buchta, un passionné de neurosciences cognitives et de psychologie comportementale. Il aide les musiciens a jouer aussi bien devant un public que quand ils sont seuls via des outils à la pointe du coaching et de la thérapie brève.
Depuis, nous avons gardé le contact et il y a quelques semaines, il m’a proposé d’écrire pour les passionnés du piano que vous êtes. C’est donc avec joie aujourd’hui que je lui laisse la plume pour que vous puissiez profiter de ces conseils judicieux. Bonne lecture !
Cela vous arrive de travailler votre piano pendant des heures ?
De répéter encore et encore les mêmes passages ?
De vous exercer avec acharnement pour enfin pouvoir jouer les morceaux dont vous rêvez ?
Pourtant malgré ce travail et votre envie de progresser au piano, vous êtes encore loin du niveau de Kissin ou de Sokolof.
Quand vous les voyez jouer, vous vous dites intérieurement, mais comment font-ils pour être aussi incroyablement bon ?
Ou peut-être que vous êtes du genre à jouer du piano uniquement quand cela vous chante. Vous souhaitez juste prendre du plaisir ! Et surtout pas transformer cette passion en deuxième travail. Un seul c’est suffisant, non ?
Ceci étant dit, vous seriez vraiment heureux de pouvoir jouer aussi bien que ces virtuoses du piano. Peut-être même que vous vendriez père et mère pour cela.
Le plus frustrant, c’est que ces prodiges n’ont pas plus d’heures que vous dans une journée. 24, comme vous.
Pour ma part, je sais ce que c’est de ne pas progresser autant qu’on le désire. D’être frustré de ne pas faire jaillir de l’instrument toute la musique qui nous habite. De ne pas être un de ses élus extrêmement talentueux.
Mais est-ce uniquement une histoire de talent ? Y a-t-il d’autres ingrédients ?
Si je vous disais que des chercheurs se sont posés la même question ;
et qu’ils ont découvert ce que les apprenants d’exception font différemment des autres.
Ça vous intéresserait de découvrir les conclusions de leur recherches ?
De connaître les secrets de ceux qui s’exercent mieux que les autres ?
De vous en servir pour progresser au piano plus rapidement ?
Bienvenue dans cet univers fascinant de la psychologie de la performance !
Pourquoi c’est crucial de savoir comment davantage progresser au piano ?
Gagner du temps quand vous travaillez le piano
Si nous habitons sur la même planète je parie que vous n’avez pas du temps à revendre. Surtout pas à gâcher.
Les minutes et les heures que vous passez pour progresser au piano sont précieuses. Vous pourriez vous en servir pour vous occuper de vos enfants, petits-enfants, aller voir votre famille, vos parents…
Imaginez le scénario suivant. Vous avez besoin d’une voiture. Vous vous rendez chez un concessionnaire et celui-ci vous présente deux modèles dans une gamme de prix qui vous correspond.
Les deux modèles sont aussi beau l’un que l’autre. Mais l’un des deux consomme plus de carburant et avance deux fois moins vite en moyenne. Par ailleurs, ces deux modèles de voitures sont parfaitement similaires.
Dans ces conditions, quelle voiture allez-vous choisir ?
Que ce soit pour la planète ou pour votre portefeuille, la question ne se pose même pas.vous choisirez le modèle qui a les meilleures caractéristiques.
Je me trompe ?
C’est la même chose en ce qui concerne l’apprentissage.
Et c’est tout l’intérêt des recherches en neurosciences et en psychologie comportementale.
Ces travaux vous permettent de savoir ce qui fonctionne grâce à des expériences concrètes. Ainsi, vous pourrez baser votre travail sur des méthodes dont l’efficacité a été prouvée, sans passer votre vie à chercher à les découvrir par vous-même. Pas besoin de réinventer la roue !
Démystifier les pianistes d’exception
Admirer des musiciens a du bon.
Cela vous met des étoiles dans les yeux. Leur musique vous touche, vous subjugue et vous donne envie d’en jouer.
C’est probablement cela qui vous a amené à commencer l’apprentissage du piano.
Mais attention !
Ce qui est bon peut aussi être mauvais.
Si vous ne travaillez pas efficacement votre instrument, vous progresserez peu.
Petit à petit vous commencerez à vous dire :
“Je suis moins doué que tel ou tel pianiste, je ne pourrai jamais aussi bien jouer inutile de rêver.”
Pour une partie de votre esprit qu’on appelle l’inconscient ces propos ne sont pas des paroles en l’air. Et si votre inconscient les entends trop régulièrement, il va tâcher de les transformer en réalité.
Sachant que certains hôpitaux opèrent de la thyroïde des patients sous hypnose,
que ces patients cicatrisent bien plus vite et bien mieux que les patients opérés sous anesthésie classique. Il devient difficile de douter de la puissance de la partie inconsciente de votre esprit.
Quoi que vous en pensiez, une chose est sûr. Pas un seul des pianistes que vous adorez et admirez n’a passé son temps à se répéter intérieurement “Je ne deviendrai jamais un pianiste d’exception, je n’ai pas assez de ta talent, c’est trop tard”.
Alors, pourquoi vous, vous feriez cette erreur ?
Renforcez votre motivation pour progresser au piano
Selon vous, quel est l’ingrédient le plus important pour renforcer votre détermination à progresser au piano ?
La MO-TI-VA-TI-ON.
Et de quoi se nourrit votre motivation ?
De PRO-GRES !
D’après vous, combien de pianistes laissent leur piano prendre la poussière parce qu’ils sont déçus de ne pas assez progresser.
Une quantité inimaginable.
Ils sont aussi nombreux que les étoiles dans notre galaxie.
Tout ça parce que ces passionnés du piano utilisent des méthodes de travail qui ne portent pas leurs fruits.
Ils répètent en boucle des exercices au piano et au fur et à mesure du temps qui passe, leur motivation se transforme en une douloureuse frustration.
Pour éviter que d’autres musiciens ne partagent cette triste destinée, je vous propose de découvrir les différences entre les façons de travailler des experts et de ceux qui progressent moins.
Les apprenants d’exception contre les autres: qu’est-ce qui différencie leur façon de s’exercer ?
À l’université de New York, des chercheurs ont étudié les habitudes d’entraînement des basketteurs de haut niveau.
Leur objectif ?
Découvrir s’il existe des différences entre les manières de s’entraîner des meilleurs tireurs de panier à 3 points et celles des moins bons tireurs.
Première différence: les basketteurs qui apprennent plus vite définissent des objectifs de travail plus précis
Les chercheurs ont découvert que pendant leur entraînement, les meilleurs basketteurs définissent des buts plus précis à propos des objectifs qu’ils souhaitent atteindre et il se concentrent dessus avant chaque lancer.
C’est basketteurs se disent : ”je vais faire 5 lancers sans que le ballon ne touche l’anneau “ ou “Je vais faire attention à sentir le poids de mon corps dans mes pieds sur le sol pendant les10 prochains paniers. »
Les moins bons tireurs se donnent des buts plus vagues comme :
“Je vais tenter de faire des beaux lancers” ou “ je vais réussir 7 paniers d’affilés”
Deuxième différence: les basketteurs qui apprennent plus vite définissent des objectifs de travail plus précis
Comme les tireurs les moins adroits, les meilleurs ont parfois ratés des paniers.
Cependant, les scientifiques ont été frappés de voir à quel point les manières d’analyser ces tirs ratés étaient différentes entre les deux groupes de basketteurs.
Les moins bons tireurs ne consacraient pas beaucoup d’énergie à chercher la raison de leurs échecs. Ils se contentaient d’attribuer leur tirs ratés à des facteurs généraux comme le manque d’attention où le manque de précision.
Les meilleurs tireurs, eux, pensaient que leurs lancers ratés étaient le fruit de défauts techniques. Ils cherchaient à découvrir pourquoi ils avaient échoué avec la même minutie qu’un contrôleur fiscal qui épluche les comptes d’une entreprise aux pratiques douteuses !
S’ils avaient raté leur tir, c’était peut-être parce qu’il n’avait pas visé 2 centimètres au-dessus de l’anneau ou parce qu’ils avaient trop fléchis le genou arrière, etc.
Grâce à ces analyses détaillées, les meilleurs tireurs déterminaient des objectifs de plus en plus précis. Ainsi, de lancers ratés en analyse, les buts qu’ils se fixaient étaient toujours plus affinés. Et les progrès qui en découlaient plus subtils…
Progresser ce que l’on fait compte plus que ce que l’on sait
J’entends certains d’entre vous pensez et se dire:
Les joueurs de plus faible niveau progressent peut-être moins parce qu’ils ont moins de connaissances…
Les chercheurs se sont posés la même question.
En effet, cela pourrait expliquer pourquoi les joueurs de faible niveau analysaient moins leurs échecs et se fixaient des objectifs moins précis !
Pour éliminer le doute, les scientifiques ont distribués des questionnaires à tous les joueurs pour déterminer leur niveau de connaissance, sur les différentes aspects techniques du panier à 3 points.
Et devinez ce qu’ils ont découvert ?
Qu’il n’y avait strictement aucune différence entre le groupe des meilleurs et le groupe des moins bons. Leur niveau de connaissance était similaire.
C’est fou, n’est-ce pas?
Tous ces joueurs ont le même niveau de connaissance en basket. Ce qui change c’est l’usage qu’ils en font.
Les excellents tireurs utilisent leur savoir comme une ressource précieuse.
Grâce à elle, ils établissent des plans, étudient leur tentative et orientent leur entraînement vers toujours plus d’efficience.
D’une étude sur le basket à l’apprentissage du piano
Les 2 différences clés pour progresser au piano
Concernant le piano, vous pouvez en déduire que les principes qui peuvent vous aider à systématiquement progresser au piano se situent sur deux plans.
D’une part, ils se trouvent dans les connaissances pratiques et théoriques de l’instrument, du solfège, de l’harmonie, etc.
D’où l’avantage énorme d’apprendre grâce à une personne passionnée de méthode d’apprentissage comme Marie-Cécile !
Une pianiste qui réfléchit à comment vous transmettre les connaissances qui vous sont utiles et dont vous avez besoin, de la façon la plus judicieuse et pertinente qui soit.
D’autre part, cette différence entre les pianistes qui parviennent a beaucoup progresser au piano et les autres, résident dans leur manière d’utiliser les connaissances qu’ils possèdent.
Comme le disait Michel Audiard :
“Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche”
Conseils pratiques pour progresser au piano
Ce qui est génial, c’est que c’est vous et personne d’autre qui contrôlez ces deux aspects.
Vous pourriez par exemple :
1) Analyser vos séances de travail les plus prolifiques (celles qui donnent les progrès les plus rapides, les plus durables…)
2) Identifier ce qui les rend fructueuses
3) Focaliser sur les aspects les plus efficaces et tenter de les généraliser dans toutes vos séances de travail
Par ailleurs, vous pouvez prendre plus de temps pour étudier la cause de vos erreurs ou difficultés au lieu de les répéter en boucle.
1) Dès qu’un passage vous pose problème, arrêtez-vous
2) Chercher à comprendre ce qui bloque
3) Une fois que vous avez découvert l’origine du problème, inventez des solutions et testez-les
Et bien sûr, vous pouvez décider de prendre des cours pour booster votre apprentissage et davantage progresser au piano.
Conclusion
Ne dites plus jamais que vous ne pouvez pas atteindre le niveau technique dont vous rêvez. C’est inutile comme de se plaindre d’avoir crever un pneu au lieu de commencer à changer la roue.
D’autant que, contrairement à ce que beaucoup de musiciens pensent, l’excellence n’est pas qu’une histoire de talent.
Les musiciens d’excellence, les sportifs d’élites, sont avant tout des passionnés qui s’entraînent très efficacement.
Les pianistes que vous admirez n’échappent probablement pas à la règle. Ces musiciens définissent des objectifs très précis et analysent leurs erreurs avec autant de soin qu’un archéologue qui déterre les restes d’une momie inconnue.
Vous pouvez vous exercer aussi bien qu’eux !
Ce n’est pas évident parce que cela vous demande d’être patient et de réfléchir en profondeur.
Le plus grand challenge sera peut-être de vous empêcher de répéter en boucle des passages qui bloquent, pour faire une pause et les analyser.
Personnellement, c’est ce que j’ai vécu.
Et oui ! Le cerveau humain est paresseux.
Se creuser la tête coûte plus d’énergie que de répéter bêtement les mêmes gestes !
Mais si vous appliquer c’est 2 points clés dans votre travail, vous allez faire grandir votre capacité à progresser au piano.
Et vous savez comment c’est dans votre corps quand vous remarquez que vous avez progressé ? C’est un bon sentiment, n’est-ce pas ?
Alors, comment allez-vous appliquer ses 2 principes clés dans vos séances de travail pour progresser au piano ?
Enfin, si vous souhaitez éliminer les erreurs qui ruinent 90 % de vos progrès au piano, cliquez ici.
Et si vous aimeriez mieux jouer en public (et comprendre pourquoi vous utilisez votre cerveau à l’envers quand vous jouez devant un auditoire), je vous conseille de cliquer-là.
Avec confiance et motivation 😉
Roman de Ouimusique
un message pour Peter Marsoon : vous n’êtes vraiment pas obligé d’adhérer d’une part, et tout le monde se fout de ce que vous pensez, d’autre part
Encore cet éreintant bla-bla de coach, cette espèce de pollution mentale permanente que l’on retrouve partout. « Motivation » , « objectif », « projet », tous ces mots infects issus du « management », des « ressources humaines ». Tout ça pue à 1 kilomètre à la ronde. Ca sonne faux, comme un piano désaccordé, ou comme ces pubs où l’on devine que le soleil est en fait un projecteur hors champ. Lachez nous .
analyse très intéressante!
Pour améliorer mon travail dans un nouveau morceau, petite pièce de Schumann, par ex., je m’aperçois que des tout petit gestes (substitution de doigté, par ex<;) sont super importants…
Aussi qu'il faut comprendre et analyser la structure de chaque phrase, pour avoir les bons repères, et qu'il faut travailler de toutes petites cellules, en les mémorisant, visuellement et mélodiquement, et là, désolée si je ne vous suis pas tout à fait, mais il faut être prêt à consacrer bcp de temps et de patience pour arriver à bien mémoriser ces petites cellules, puis à les enchaîner, de manière parfaite.
Quand on a acquis l'automatisme nécessaire à ce niveau, on commence à prendre confiance dans son morceau, mais cela requiert bcp de patience, de réflexion, d'idées pour aborder chaque bout de phrase sous tous les angles possibles: chaque main séparément, puis, par ex. les 2 mains ensemble juste sur les accords des temps, pour fixer des repères, et ,lorsqu'il y a 3 voix ensemble, les jouer chacune séparément pour les identifier mélodiquement, etc, etc,
Chaque morceau exige un travail de réflexion propre à sa structure, et il faut savoir associer tous les exercices possibles pour en prendre possession, mains séparées, puis ensemble , puis séparées, etc
Voilà!
Vu mon grand age pour une débutante, je sais que je me heurte à pas mal de limites et petites difficultés, mais j'ai 2 très bons professeurs (consultés en moyenne 1 fois par mois …ou tous les 2 ou3 mois (j'ai d'autres pratiques instrumentales…) et je suis très patiente, plutôt perfectionniste, et je pardonne à mon piano de me faire parfois souffrir devant les problèmes rencontrées, j'ai le goût du défi, et du temps devant moi!
Cela dit, je ne suis pas fana des analyses psycho-pseudo-scientifiques concernant nos capacités cérébrales pour progresses de manière rationnelle, je suis complètement "passionnelle", dans mon travail musical, ce qui ne signifie pas aveugle et déraisonnable! Mais je m’efforce d'utiliser au mieux mes connaissances et mon intuition pour avancer dans mon travail du piano!