Les 6 habitudes qui vous empêchent d’apprendre votre morceau rapidement

 

Durant mes années de pratique personnelle du piano et d’enseignement, j’ai repéré quelques mauvaises habitudes de travail qui reviennent tout le temps si l’on n’y prend pas garde. Les voici :

 

1-Reprendre toujours au début et jouer tout :

C’est l’erreur de travail la plus courante et la plus insidieuse. Nous tombons tous régulièrement dans le panneau. Nous avons tendance à confondre le fait de jouer et le fait de travailler.

Jouer du piano c’est : commencer à jouer à partir du début et aller jusqu’à la fin.
Travailler le piano c’est : répéter des passages dans un but précis d’amélioration.

 

Arrêtez de reprendre tout le temps votre morceau par le début ! S’il vous plaît arrêtez ça !!!! Vous perdez un temps précieux. Allez aux passages difficiles et qui sont à améliorer, allez aux endroits qui vous font peur. Pour les repérer plus facilement, vous pouvez vous enregistrer. Et dans la plupart des cas vous vous rendrez-compte en cours de route qu’ils ne sont pas aussi difficiles que vous le croyez.

Alors bien sûr, il vaut mieux « jouer » du piano que de ne pas y toucher pendant des jours et des jours. Mais à ce moment là, sachez que vous « travaillez » votre plaisir de jouer, votre endurance de jeu ou votre déchiffrage (si vous ne connaissez pas bien le morceau), ce qui sont de bonnes choses aussi, mais que vous n’améliorerez pas votre morceau. Et si vous avez une échéance comme un cours avec votre professeur, ou une prestation publique comme un examen ou une audition, vous n’avancerez pas vers cet objectif. Soyez-en conscient.

Travailler pour une prestation publique

Image Loïc Lafontaine

2-Jouer tout de suite sans prendre un temps de réflexion.

Il est très utile pour que vous soyez efficace de prendre un petit temps de réflexion avant de vous mettre à travailler au piano sur votre morceau. Posez-vous les questions suivantes par exemple :

  • Quel est le passage je dois travailler en priorité ?
  • Ai-je des nuances ou des indications de phrasé que je n’aurais pas vu ?
  • Que m’a indiqué mon professeur au dernier cours, si vous en prenez ?

Combien de fois vois-je des élèves avec la même erreur de texte, d’articulation, ou de phrasé pendant des semaines. La plupart du temps les professeurs signalent une erreur sur la partition ou un petit carnet en entourant le passage ou en mettant un signe ou une couleur particulière. Prenez donc le temps de repérer ces passages. Si la remarque n’est plus d’actualité, gommez-la. Vous avez tout à gagner que votre partition soit la plus clair et la plus propre possible.

Annotations professeur de piano

 

Combien de fois ai-je vu des partitions maculées de remarques violemment griffonnées de partout dans lesquelles on ne peut presque plus distinguer le texte musical ! Ceci dit, il est vrai que pour un professeur c’est exténuant de répéter des semaines la même chose ! Pas étonnant que certains perdent patience, surtout si vous tombez le jour ou il s’est levé du mauvais pied Confus.

 

3-Laisser la page vierge, ne pas écrire de doigtés :

Cette remarque est un peu dans la même lignée de ce que je viens de dire plus haut. Écrivez ce qui vous aide, et gommer ce dont vous n’avez plus besoin. Un élément en particulier est essentiel à écrire : le doigté. Mais pas à toutes les notes. Voici quelques endroits où il est très utiles de les indiquer :

  • Au début de chaque phrase musicale
  • Au début de chaque ligne
  • Au début de chaque page
  • À chaque changement de forme de main ou de position de bras
  • Lorsque la main est en position élargie (c’est à dire quand vous l’ouvrez et que vous avez plusieurs touches blanches entre les doigts).
  • Pensez également à recopier les doigtés lors d’une répétition à l’identique d’un passage.
  • A tout endroit où vous avez régulièrement une hésitation.
Je rappelle qu’il est important d’avoir toujours un crayon à papier et une gomme à coté de votre piano et qu’ils doivent ne servir qu’à cela… parole d’experte en perte…

 

 

4-Travailler les passages sans rajouter la note du passage suivant.

C’est à dire s’arrêter de jouer à la fin de la mesure, ou de la ligne ou de la page sans rajouter la première note de la suite. Vous serez dans l’incapacité d’enchaîner les différentes parties, et votre discours musical sera haché. Ceci va vous obliger ensuite à travailler toutes les transitions une à une. Traversez plutôt la barre de mesure, allez à la ligne suivante ou tournez la page, et jouez la ou les premières notes.

Une petite astuce toute simple si le passage travaillé se termine en fin de ligne ou de page : écrivez la note ou l’accord du passage suivant à cette fin de ligne ou fin de page (ou aux barres de reprises). Vous appliquerez plus facilement ce principe de continuité. (voir image en dessous en bas à droite)

 

Ceci va vous faire gagner un temps précieux.

 

Repère en fin de page

5-Travailler juste avant le cours suivant, au dernier moment.

Cette remarque est bien sûr pour les personnes qui prennent des cours. La plupart du temps, je sais que les élèves travaillent plutôt les jours qui précèdent le cours, voyant l’échéance arriver. Après le cours, on se dit : « il y a le temps, on verra plus tard”. C’est une erreur qui a beaucoup d’inconvénients. Mais le plus gênant est que vous ne ravivez pas immédiatement la mémoire de ce qui a été dit, donc vous allez oublier la plupart des choses qui ont été dites. Vos devez appliquer de suite les conseils qui vous ont été donnés, afin de profiter pleinement du contenu du cours quand c’est encore frais dans votre mémoire. Et vous verrez que c’est beaucoup plus facile dans ce sens au bout du compte. Si vous ne pouvez pas jouer de suite, prenez un temps rapide pour noter ce dont vous vous souvenez immédiatement, ou dans les heures qui suivent le cours. Quelques mots clés suffisent. De cette manière, vous optimiser au maximum votre investissement en temps et en argent de vos cours. Et la patience de votre prof Sourire. Tout le monde est gagnant.

La leçon de piano de Matisse

La leçon de piano de Matisse, 1917

Mais cette remarque est également valable si vous suivez des tutoriels ou des cours en lignes. Ne tardez pas à appliquer concrètement. Ne regardez pas les cours, si ce n’est pas pour appliquer ce qu’il y est demandé de faire.

 

6-Choisir des morceaux trop difficiles :

Il est courant que des amateurs (dans le sens “qui aiment”) de piano se lancent dans l’apprentissage de morceaux d’un niveau technique et/ou de lecture beaucoup trop éloigné du leur. Il est bon de se mettre parfois des chalenges en travaillant des morceaux plus difficile que votre niveau, surtout si vous l’adorez, mais dans certaines proportions raisonnables.

Vous pouvez cependant parfois vous faire plaisir et travaillez uniquement le passage, le thème que vous adorez, mais vous risquez d’être frustré si vous le faites trop souvent. Jouer un morceau d’un bout à l’autre est tellement plus satisfaisant !

Comment savoir si votre morceau est faisable pour votre niveau si vous n’avez pas de professeur ? Honnêtement, c’est compliqué… Mais si vous mettez plus de deux mois à savoir bien le jouer, il est certainement trop difficile pour vous… pour le moment.

Si vous ne savez pas quel morceau choisir, pensez à aller voir mes listes par niveau et leur vidéos sélectionnées.

 

Et voilà ! Si vous arrivez à éradiquer déjà ces 6 mauvaises façons de procéder, vous serez déjà beaucoup plus efficace ! Et vous pourrez vous féliciter, car la plupart des pianistes les utilisent pendant des années, voir toute leur vie, sans avoir même conscience qu’elles sont une perte de temps énorme !

Mais bien sûr, n’oubliez pas de vous faire plaisir aussi en rejouant d’anciens morceaux du début à la fin. Ou de déchiffrer des morceaux faciles en les téléchargeant gratuitement sur ISLMP ou en achetant des partitions faciles et attractives. Le piano c’est aussi et surtout dans le but de “jouer”. Alterner le plaisir du travail efficace et le plaisir du jeu sans “prise de tête”. Tout dépend du temps dont vous disposez. Il est certainement judicieux pour la plupart d’entre vous de réserver la détente au piano pour le weekend…

Bon piano !

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8 commentaires

  1. Bonjour Marie-Cécile et bravo pour cette page!
    Je suis en accord avec la plupart des conseils donnés. Ce pendant j’aimerais te faire connaître mon désaccord sur 2 points 😉
    – les indications laissées par le prof, et ce quelque soit la façon et même si elles sont devenues obsolètes, me semblent importantes à conserver car elles représentent une véritable correspondance et pour certains d’entre nous qui ont travaillé avec de grands Maîtres de précieux souvenirs!
    – Il me semble important aussi de faire travailler au cours et donc l’élève chez lui le « filage » de l’œuvre. En aucun cas je ne remets en question le travail mesure à mesure ou même temps à temps ( en s’arrêtant bien sûr sur le temps suivant 🙂 )
    – Concernant les doigtés, tout dépend des œuvres.
    Par exemple dans Bach je doigte intégralement aussi bien pour moi que pour les élèves pour être capable de reprendre n’importe où avec le bon doigté qui est tellement important dans Bach vu là complexité de la partition.
    Voilà Marie-Cécile mes modestes remarques et encore merci pour tout le temps que tu accordes à notre profession!

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    1. Merci beaucoup Stéphane de ce retour riche en contenu ! Je vais tenter de répondre point par point :
      – Je suis d’accord pour garder les remarques des professeurs, à condition qu’il ne s’agisse pas d’une mise en valeur de fautes d’inattention en rapport avec le texte, quand elle ne sert plus puisque la faute est corrigée. S’il s’agit de remarques d’interprétations, d’information culturelle, ou de tout autre chose qui apporte un plus sur l’oeuvre, ou même les petites anecdotes, souvenirs relationnels !! Bien sûr !
      – Oui bien sûr le filage. Je fait faire un filage à chaque début de cours, et conseille à partir d’un certain stade de jouer tout au moins une fois par jour malgré les erreurs. Mais encore faut-il arriver à ce stade… 🙂 Je parle ici du stade d’apprentissage des premières semaines dans un morceau techniquement difficile pour l’apprenant.
      – Ah oui pour les doigtés, dans Bach comme dans tout oeuvre de contrepoint ou polyphonique comme Mendelssohn ou Brahms par exemple, c’est tellement « bavard » qu’il en faut beaucoup plus. Evidemment il s’agit ici de morceau plus basique.
      C’est un article général et rappelant les principes de base du travail, mais il y a beaucoup « d’exceptions », de nuances à apporter, en fonction du contexte de l’élève, du compositeur et de l’oeuvre !
      Merci beaucoup en tout cas pour ces remarques très pertinentes !

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  2. Oh merde! Déjà avec la 1ère erreur, j’ai vu comment j’ai fait des erreurs! Mais c’est bon! Je travaille sur « Let it Be » et j’appliquerai tes conseils avec plaisir! 🙂

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    1. Bravo si tu appliques Bruno !! Bon piano !

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  3. Bonjour Marie Cecile,
    ta présentation est magnifique, je suis envieuse 😉
    Mais dis-moi ça ne t’a pas pris trop de temps d’insérer tous ces cadres ?

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    1. Merci Aurélie ! Oui j’ai mis du temps, car je débute dans les cadres avec cet article… Mais c’est comme tout, maintenant que je sais faire, il va falloir que je m’entraîne et ça va aller plus vite. 😉

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  4. merci beaucoup pour cet article, je vais essayer d’appliquer ces bons conseils.

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    1. Avec plaisir Myriam ! Bon piano !

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