Comment apprendre un morceau : Ayez peur, mais allez y !
Aujourd’hui je veux vous parler d’une des bonnes habitudes les plus difficiles à ancrer pour beaucoup d’entre nous dans notre manière d’apprendre un morceau au début : faire le bon choix des passages sur lesquels se concentrer.
En effet, j’entends beaucoup :”Je ne comprends pas, j’ai beaucoup travaillé et je n’y arrive pas”. Cette remarque peut cacher beaucoup d’habitudes de travail non productives. Et celle qui suit en est une !
Quand je creuse un petit peu en discutant, je me rends compte régulièrement que le morceau a été joué depuis le début un grand nombre de fois, et qu’à la première difficulté, il a été repris au début et ainsi de suite. Imaginez tout ce temps à répéter ce qui est déjà bien et qui va continuer à creuser le fossé entre les passages sus et les autres… Le temps n’est-il pas précieux ? Si vous le passiez à faire ce qui vous apportait vraiment une progression dans ce morceau tant aimé !
Travailler les passages difficiles :
Il est bon de travailler tout de suite les passages difficiles. Mais savez-vous tout de suite à la première lecture quels sont-ils ? Par forcément. Déjà, un truc qui marchera 9 fois sur 10, c’est de laisser le thème du début pour plus tard. Pourquoi ? Parce que le début d’un morceau est la plupart du temps plus simple que la suite. Vous y trouvez en général le thème qui vous a enchanté à la première écoute, et il y a peu de chance que vous y trouviez déjà des altérations ou des éléments perturbateurs. Vous êtes à ce stade du morceau comme dans les films : la vie est belle, tout le monde s’entend bien, mais tout à coup !… et c’est là que ça se corse (voir le prochain chapitre).
Beaucoup de parallèles sont d’ailleurs possibles entre théâtre/cinéma et musique. Ces trois arts se déroulent dans le temps et sont éphémères.
Bon, je sais. Ce que j’ai conseillé précédemment est très frustrant. Je ne vous dit pas de ne pas vous faire plaisir, mais sachez consciemment à ce moment là que vous ne travaillez pas… A moins que vous ne travaillez votre son ! Et là je n’ai plus rien à dire ! Mais restez vigilant de ne pas vous leurrer.
Vous pouvez avoir des passages qui vous font tout de suite peur à première vue. Mais il peut arriver que vous vous rendiez compte en les travaillant que ce n’est pas un passage qui vous pose tant de problèmes que ça (voir plus bas l’exemple). Vous serez donc vite rassuré et oublierez vite votre appréhension. Si vous l’évitez trop longtemps, vous risquez de faire une montagne de quelque chose qui aurait pu être vite réglé. Ce qui est pris dès le départ comme un problème risque fort de le devenir pour de bon et vous aurez du mal à vous retirer l’appréhension de ce passage ensuite.
Les difficultés se trouvent souvent dans les moments où il “se passe” quelque chose sur le plan musical. Un évènement comme un changement de tonalité (l’apparition d’altérations), une nuance différente, l’arrivée d’un nouveau thème ou une nouvelle cellule rythmique, amènent souvent leur lot de difficultés.
Les passages stratégiques sont souvent au même endroit :
J’ai remarqué au niveau des proportions générales des œuvres musicales (comme dans les œuvres cinématographiques ou théâtrales encore) que les passages les plus difficiles se trouvent souvent (mais pas systématiquement à partir d’un certain niveau de complexité) dans la deuxième moitié, ou vers la fin du deuxième tiers, avant le retour à l’accalmie de la fin… A vous de vérifier. Bien sûr, pour certaines formes comme le rondo ou le thème et variation, cela ne s’applique pas pour l’œuvre générale mais plutôt pour les différentes parties. Cette remarque peut se faire à tous les niveaux comme la phrase qui est souvent plus facile en début qu’en fin, et la mesure également…
Attention, l’écriture des partitions est trompeuse !
En effet, le fait que cet endroit soit “noir” de notes ou de signes dont vous ne maitrisez pas la signification ne veut pas dire qu’il soit réellement difficile à exécuter.
D’abord renseignez-vous bien sûr sur chaque signe que vous ne connaissez pas.
L’annexe de ma méthode de lecture de notes que j’offre en bonus peut d’ailleurs vous y aider. Vous la trouverez sous le titre Vocabulaire de notation.
Puis travaillez le passage sans vous poser de questions.
Je fais souvent cette métaphore : Si vous avez déjà fait de la randonnée en montagne, avez-vous remarqué que si une fois fatigué on vous montre le sommet, vous êtes découragé. Mais si vous continuez à marcher pas après pas sans regarder votre but tout en haut, vous découvrez d’un seul coup que vous êtes arrivé… Et bien faites la même chose avec vos morceaux.
Allez là où ça fait peur
Ne pas confondre difficulté de lecture et difficulté d’exécution :
Au sujet du rythme, son écriture est parfois trompeuse. J’attire votre attention sur le fait par exemple que le rythme ci-dessous
sonnera de la même façon que celui-ci
ou celui-ci
et enfin celui-ci qui a l’air vraiment inquiétant n’est-ce pas ?
Si vous regardez bien, il y a les mêmes rapports du simple au double ou inversement à chaque exemple.
Le rapport entre les différentes valeurs est le même et donc ils pourront sonner exactement de la même façon. Tout dépend du tempo que vous prenez. Pour le dernier, si le tempo est Lento (c’est à dire très lent), il pourra sonner exactement pareil que le premier à un tempo type Presto (c’est à dire très rapide) ! Le rythme, ou plutôt les rapports entre les différentes valeurs rythmiques entre elles, sont relatifs. Ils dépendent de la vitesse de la pulsation choisie.
En revanche ce qui peut vous poser problème, c’est que vous ayez des difficultés à lire le dernier si vous n’avez pas l’habitude, alors que certainement le premier sera vite compris. C’est donc plus un problème de lecture qu’une difficulté technique.
Bien sûr je pars du principe que votre morceau est adapté à votre niveau technique de piano. Sinon, les conseils ci-dessus ne sont pas une priorité, mais plutôt de vous trouver un autre morceau…
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Excellent M-C! Le momment ou ça se complique le plus pour moi c’est vraiment quand je vois beaucoup de notes sur la clef de Fa. Mais ma stratégie est de travailler chaque main séparément avant de fait simultanément. Si je ne combats pas mon malaise, je n’avancerai pas. Mais j’approuve que les difficultés sont propres à chacun.
Bonne démarche Bruno !