Pourquoi votre niveau de piano ne peut pas se réduire à un chiffre
Beaucoup de pianistes aimeraient qu’on leur donne un chiffre (ou un terme) unique pour définir leur niveau : « je suis niveau 5 sur 10 » (ou « je suis niveau débutant ou moyen »). C’est tentant parce que c’est simple et rassurant. Mais en réalité, cette approche est trompeuse pour plusieurs raisons.
Chez PianoMe, l’accompagnement individuel et collectif à distance des Clés du Piano, nous ne croyons pas qu’un pianiste puisse être résumé à un chiffre unique. Cela n’est pas adapté pour évaluer un pianiste, et pour savoir quoi jouer comme difficulté de morceau.
Depuis des années que j’accompagne des pianistes adultes dans leur progression, je me heurte à diverses croyances erronées ou incomplètes.
Voici quatre points importants à connaître à ce sujet.
1. La graduation est utile… pour éviter les grosses erreurs de choix dans la difficulté des morceaux
Classer les morceaux selon leur difficulté (par exemple de 1 à 10, voire jusqu’à 15 pour le grand répertoire de virtuosité) peut être utile et donner une idée de la complexité technique et musicale d’une œuvre.
Cela permet d’éviter le piège le plus courant que nous rencontrons : se lancer dans l’apprentissage de morceaux trop difficiles et freiner ainsi la progression véritable. Il est essentiel que ce travail de classement soit de qualité et validé en pratique avec de véritables apprentis pianistes. Ce sujet mériterait d’ailleurs un développement plus approfondi, car il est bien plus complexe qu’il n’y paraît (voir point suivant).
Dans tous les cas, en déduire le niveau des personnes jouant ces morceaux, est un raccourcis trop rapide. L’humain ne fonctionne pas comme cela : on ne peut pas réduire un être humain et son apprentissage d’une discipline à une seule note.
Un pianiste peut être très à l’aise rythmiquement, mais avoir plus de mal en lecture à vue. Ou bien il peut avoir une belle expression musicale, mais une technique digitale encore fragile. Le niveau unique et brut en général attribué est plus proche d’un niveau moyen approximatif et se basant sur les textes possibles à aborder. Cela est trop réducteur.
2. Un morceau aussi est un système complexe
Il faut également garder à l’esprit que, tout comme les êtres humains, une œuvre musicale est un assemblage complexe d’éléments distincts. Chacun de ces éléments (durée, technique, tempo, complexité harmonique, etc.) peut se situer à un niveau de difficulté différent. Donc lorsqu’il est classé en niveau X, cela veut dire qu’il montre une moyenne de ces composants fixée à X.
Il peut avoir un de ces éléments qui est largement au dessus de cette moyenne, comme la durée par exemple, ou le tempo, ou utilisant une construction musicale complexe. A coté de cela, le rythme est simple, peu de notes qui lui donne un coté “facile” en regardant la partition.
Et puis, qui classe ? En fonction de quels critères et pour quel public ?
Là aussi, de multiples inconnues qui peuvent varier selon les pays, les écoles, les éditeurs du morceau. Gardons donc à l’esprit que ce classement n’est jamais parfait et reste toujours discutable. Nous revoyons régulièrement le classement du répertoire fourni avec PianoMe, après avoir observé les morceaux « sur le terrain » de l’apprentissage réel.
Il s’agit donc là aussi d’une moyenne approximative.
3. On ne progresse pas uniquement avec des morceaux d’un seul niveau
Beaucoup croient qu’il faudrait toujours choisir des morceaux exactement “de leur niveau”.
En réalité, la progression se fait en travaillant sur trois zones :
- Les morceaux plus faciles que son niveau moyen : pour renforcer la fluidité, consolider les acquis, jouer avec confiance et musicalité, obtenir une grande variabilité de style, de tonalité, de techniques et s’entrainer à jouer en public sans se sentir débordé.
- Les morceaux correspondant à ses zones de conforts : pour avancer dans des morceaux plus long et plus difficile, mais qu’on est capable de jouer en entier à un tempo proche du tempo final en deux ou trois mois grand maximum. Il peut les jouer en public de mémoire ou avec partition au bout de quelques révisions.
- Les morceaux légèrement au-dessus : pour se tirer vers le haut, se confronter à de nouveaux défis et élargir ses compétences. On n’en jouera que des parties ou tout en prenant le temps.
C’est ce mélange, cette diversité qui nourrit vraiment l’apprentissage.
4. Un pianiste n’est pas « du niveau du morceau qu’il joue »
Beaucoup pensent : « si je travaille un morceau classé en niveau 5, alors je suis de niveau 5 ».
En réalité, c’est plus nuancé. Déjà pour les raisons déjà citées plus haut.
Le morceau indique plutôt une zone de confort moyenne. Mais le pianiste est bien plus qu’une seule pièce :
- Il peut avoir la technique d’un morceau niveau 6,
- la lecture d’un morceau niveau 4,
- l’expressivité d’un morceau niveau 7…
L’important n’est pas la moyenne de toutes ces compétences, même si elle peut donner une idée générale. Ce qui compte vraiment, c’est l’équilibre entre elles. Il est essentiel de comprendre que si une compétence comme la lecture à vue est à 2/10 alors que la technique est à 7/10, cette lacune handicape considérablement votre progression, comme si vous traîniez un boulet au pied.
Une proposition différente des Clés du Piano
C’est précisément pour tout cela que nous venons de décider dans PianoMe d’abandonner le chiffre unique d’un niveau comme outil d’évaluation, pour adopter une approche plus visuelle des diverses compétences. Et nous l’avons appelé “profil de compétence”.
Il s’agit d’un schéma en étoile, une sorte d’image de vos compétences au piano qui tient compte de toutes vos dimensions en tant que musicien.
Ce type de schéma est généralement appelé un « diagramme radar », « graphique en étoile » ou « graphique en toile d’araignée » (spider chart ou radar chart en anglais). Ce type de visualisation permet effectivement de représenter plusieurs variables sur des axes qui partent tous d’un point central, créant ainsi une forme en étoile ou en toile. Plus la valeur est élevée sur un axe donné, plus le point s’éloigne du centre.
Ce type de représentation est particulièrement adapté pour visualiser un profil de compétences multidimensionnel comme celui d’un pianiste, car il permet de voir d’un coup d’œil les forces et les faiblesses dans différents domaines, ainsi que l’équilibre général entre ces domaines.
Et même si vous ne faites pas partie de cet accompagnement, tentez de penser vos capacités et compétences dans ce sens : est-ce que c’est équilibré ? Est-ce que je n’ai pas une compétence trop avancée par rapport aux autres ? comme la technique par exemple ?
Voici quelques critères à évaluer que nous utilisons dans PianoMe :
- Technique : la dextérité, l’agilité des doigts, l’accompagnement de l’ensemble du bras, la capacité à exécuter des passages rapides ou complexes
- Lecture à vue : l’aisance pour déchiffrer une nouvelle partition
- Expressivité musicale : la capacité à transmettre des émotions et à interpréter une pièce
- Compréhension rythmique : la précision et la stabilité du tempo, la gestion des rythmes complexes et leur coordination.
- Mémorisation : la facilité à apprendre et retenir un morceau
- Connaissance théorique : la compréhension de l’harmonie, des formes musicales et du contexte historique
- Autonomie d’apprentissage : la capacité à progresser et résoudre des problèmes par soi-même (doigtés, répartition des mains, gestuelle etc)
Tentez de faire votre propre profil pianistique vous même déjà. Rien que le fait de vous poser ces questions peut vous faire changer de vision sur votre jeu et les difficultés que vous rencontrez. Demandez de l’aide si vous n’avez aucune idée de comment vous classer, à votre professeur, à un pianiste plus expérimenté qui vous connait un peu.
Sinon, voici quelques ressources concrètes que proposent Les Clés du Piano, pour vous y aider.
- PianoMe, l’accompagnement individuel et collectif à distance : https://www.apprendre-a-jouer-du-piano.fr/202207-pianome/
- Stage JOIE de 3 jours sur Bordeaux :
- 18-19 octobre
- 8-9 novembre
- Contactez-nous pour savoir s’il reste des places
Ces sessions de travail vous permettront de bénéficier de mon expertise personnelle, ou de celle d’Olivier mon collègue (selon l’offre) et de repartir avec un plan d’action adapté à votre profil unique de pianiste.
Je vais également me déplacer à Paris en octobre. Si vous êtes intéressé par un cours ou une journée de Stage, faites-le moi savoir au plus vite, car nombreux sont les Parisiens dans mon audience.
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Le nombre de places pour ces stages est limité à 4 participants par week-end pour garantir un accompagnement de qualité.
Pour réserver un stage à Bordeaux ou Paris, ou pour obtenir plus d’informations, contactez-nous à l’adresse mail [email protected].
Bon piano ! et cultivez votre créativité.
Article super intéressant ! Quelle difficulté d’évaluer un élève, Tu nous donnes de superbes pistes grâce à cet « arbre de compétences ». Etant prof, tu clarifies ce que je faisais naturellement pour trouver les points à améliorer et lancer une pédagogie adaptée !