Réflexion sur le trac, changer d’état d’esprit

Avez-vous déjà vécu l’expérience de vouloir jouer un morceau à des amis ou en public et de vous sentir mal, les mains moites et tremblantes, et une envie de fuir le plus loin possible ? Il s’agit bien sûr de ce que l’on appelle le trac. Mais ce mot est un peu un terme « fourre-tout » qui veut tout et rien dire. On en parle à la fois trop et pas assez et de la bonne manière. Je partage dans ce podcast mes réflexions sur le sujet.

Voici le lien vers mon article sur le livre d’Alexandre Tharaud « Montrez-moi vos mains ».

Bonne écoute.

PS: je réintroduis aujourd’hui l’introduction et la conclusion en musique 😉

 

Transcription texte du podcast :

Bonjour, c’est Marie-Cécile.

Je voulais vous parler parce que j’ai eu quelques petites questions la semaine dernière à ce sujet du trac.

 

C’est quelque chose qui fait beaucoup parler et à la fois on n’en parle pas. A la fois c’est un peu tabou.

C’est un peu ça le problème.

C’est qu’il prend une place très importante dans notre cerveau mais on n’ose pas en parler.

  • On se dit que si on en parle on va le renforcer.
  • On se dit que de toute façon c’est impossible de faire autrement.

 

Alors à la fois c’est vrai et faux.

  • C’est sûr que si on en fait une montagne, qu’on en fait quelque chose d’insurmontable, ça va l’être.
  • Mais c’est vrai que c’est important de le prendre en compte et de savoir qu’en fait effectivement on ne peut pas l’éliminer.

 

Personne vraiment ne peut affirmer qu’il n’a pas le trac quand il monte sur scène.

Ça m’est arrivé une fois d’entendre une personne qui m’a dit « Mais non moi j’ai pas le trac ». Mais maintenant que je connais mieux cette personne je sais qu’en fait ce qu’il veut dire c’est qu’il est tellement à l’aise avec son instrument, qu’il est tellement dans la joie et le bonheur de jouer que du coup, qu’il l’est ou pas ça n’a pas d’importance.

Donc forcément il peut avoir une espèce d’émotion avant de monter sur scène mais on ne peut plus l’appeler trac.

 

 

C’est ça que je voudrais vous exprimer un petit peu dans ce podcast.

Qu’est-ce que vous mettez derrière ce mot trac ?

Si vous mettez le fait de trembler comme une feuille, d’avoir envie de vomir, de vouloir fuir le plus loin possible avant de jouer, effectivement, ça, vous allez pouvoir le travailler et à ce moment-là il y a un moment, si vous vous en occupez vraiment, que vous le prenez en compte et que vous travaillez sur le long terme, oui ça vous pourrez l’éliminer.

Je peux vous l’affirmer.

 

En revanche, cet espèce de petit chatouillis au ventre, cette espèce de petite angoisse qu’on peut avoir dans la journée ou la veille du soir où on joue, cette espèce d’émotion, d’énergie interne, je vous conseille de la garder.

 

J’ai beaucoup entendu parler et j’ai moi-même expérimenté la chose, quand on essaie d’éliminer complètement le trac et de se détendre complètement, de prendre même des médicaments pour ne pas se liquéfier et pour se détendre, souvent ça s’inverse.

On devient complètement mou et on n’exprime plus rien sur scène.

Je n’ai jamais pris de médicament chimique, mais ça m’est arrivé de prendre des plantes, de l’homéopathie, de travailler de manière très très poussée le fait de me détendre car je suis quelqu’un d’assez extrême.

Et là, d’arriver sur scène et d’être dans l’incapacité de faire quelque chose de bien. Tellement j’étais ramollie. Ah oui j’étais bien, mais alors voilà, je me serais presque assise en regardant le public en disant « On est bien là hein ? »

Bon ce n’est pas ce qui s’est passé. Vous voyez ce que je veux dire. J’ai joué, mais mon jeu était blanc, n’exprimait rien. Ouais j’étais bien. Voilà.

 

Sur scène il se passe un truc. Un truc magique.

Vous êtes là pour exprimer quelque chose aux gens. Et ça passe par de l’énergie. Et donc c’est important de garder cette énergie.

Et le trac de quelqu’un qui a l’habitude, de quelqu’un qui se sent bien sur scène et qui a envie vraiment de se faire plaisir, c’est un trac qui est devenu un ami.

C’est une énergie qui déploie tout. Qui multiplie tout.

 

Si pour vous le piano :

  • C’est un vrai bonheur
  • C’est une joie
  • C’est une envie de partager

Le trac va multiplier ça et du coup il devient votre meilleur ami.

Si pour vous le piano :

  • C’est un calvaire
  • C’est du travail pur
  • Si pour vous la musique c’est que ça
  • Si pour vous le public est un ennemi, quelqu’un d’hostile qui vous veut du mal

Le trac va multiplier ça.

 

C’est un amplificateur en fait le trac.

En soi, le trac c’est pas mauvais du tout. Tout dépend de comment vous vivez la scène, la musique, votre instrument et surtout votre corps.

 

Là je vais arriver à un point qui pour moi est crucial.

Pour arriver à gérer le trac :

  • Essayez en priorité à gérer votre corps.
  • Essayez de gérer votre énergie.
    • Dans la vie de tous les jours, quel est votre rapport avec vous ?
    • Est-ce que vous vous en êtes occupé ?
    • Est-ce que vous avez travaillé dessus ?
    • Est-ce que vous avez travaillé la posture à l’instrument ?
    • Est-ce que jouer de votre instrument vous fait mal ?
    • Est-ce que vous êtes bien physiquement en jouant ?

 

Ça c’est pour moi un des points essentiels pour arriver à gérer le trac.

C’est votre bien-être de manière générale à l’instrument et en rapport avec la musique.

Vous pouvez vous aider de choses en plus.

  • Des plantes
  • De l’homéopathie

Ces choses-là vont vous aider. Mais si vous êtes déjà en chemin. Elles vont vous permettre de faciliter la chose mais ça ne va pas remplacer. C’est-à-dire que si vous êtes quelqu’un de vraiment très traqueur, vous ne pourrez pas surmonter ça juste avec des pansements. Des petites choses qui se rajoutent.

Il faut travailler le fond.

Et le fond c’est le plaisir de jouer. Le plaisir d’entendre le son de ce que vous jouez et de faire partager à votre public.

 

Alors bien sûr vous n’avez pas tous un enjeu quand vous voulez jouer, et la plupart d’entre vous je pense êtes plutôt là pour avoir le plaisir de jouer devant des gens sans vous planter, sans trembler comme une feuille.

 

Je vais vous donner quelques petits conseils par rapport à ça.

Quand vous jouez devant des amis par exemple.

Si c’est la première fois que vous tentez de jouer votre morceau en entier il ne faut pas vous étonner de vous tromper.

  • Est-ce que vous avez l’habitude de jouer votre morceau de A à Z déjà ?

Ça c’est quand même la première étape.

Avec ou sans partition d’ailleurs.

Là je ne vais pas aborder le problème du « par cœur » parce que sinon le podcast serait vraiment trop long.

Mais déjà, arrivez à jouer votre morceau en entier.

Il faut s’habituer petit à petit à jouer en public. Il faut y aller graduellement.

 

La première chose : pouvoir jouer devant soi-même.

Mais vous savez, on a une capacité à se raconter des bobards, mais vraiment ! C’est-à-dire qu’on se dit « Mais moi j’y arrive très bien chez moi. » Et en fait c’est pas vrai. C’est vraiment pas vrai.

Moi j’ai un nombre d’élèves qui m’affirment que chez eux ils y arrivent très bien de A à Z. Je suis sûre, mais vraiment sûre, que si j’avais pu être là pour les enregistrer et en leur repassant l’enregistrement, j’aurais pu leur dire « Tu vois là, tu t’es un petit peu trompé. C’était pas parfait. »

Mais comme vous êtes avec vous-même vous ne vous en rendez pas compte. Et quand je dis « vous », attention je suis inclus dans l’histoire hein.

On a tous cette capacité de se raconter des histoires quand on est tout seul.

 

Pour pallier à ça :

 

  1. L’enregistrement.

Il y a une chose qui est vraiment efficace. C’est s’enregistrer.

Prenez l’habitude chez vous de vous enregistrer.

Maintenant en plus avec les téléphones c’est tellement facile. Vous prenez une petite application si ça n’y est pas déjà. Mais je suis sûre que dans votre téléphone vous avez un menu pour vous enregistrer, ne serait-ce que le dictaphone.

Hop ! Vous vous enregistrez. Ça vous met une petite pression en plus. C’est même plus déjà comme si vous jouiez en mode tranquille avec vous-même.

 

Donc vraiment pour moi la première étape pour s’habituer petit à petit à jouer devant un public, devant du monde, c’est s’enregistrer.

  • Vous vous enregistrez tous les jours.
  • Chaque enregistrement est une étape de plus vers un meilleur enregistrement.

C’est-à-dire que ce n’est pas l’enregistrement de votre vile premier.

Le premier vous n’avez pas l’habitude, vous allez vous tromper.

Et bien oui vous vous trompez. C’est pas grave.

Le suivant peut être encore pire et ainsi de suite.

Et si vous en faites un bon un jour, vous allez voir, le lendemain vous risquez d’en faire un mauvais parce que vous vous serez dit « Oh bah comme hier il était bon, alors là aujourd’hui il va être vraiment top ! »

Et bien non justement.

Et c’est pareil pour une prestation d’ailleurs en public.

C’est pareil avant de venir à un cours.

Souvent les élèves jouent très très bien, sont vraiment contents d’eux. Ils arrivent au cours et ils me disent « J’ai super bien joué donc là ça va être top ! » et là je me dis dans ma tête « C’est bien, tu t’es bien mis la pression, maintenant vas-y mon gars. »

Et ça ne rate pas. Ça ne rate pas !

Quand j’entends ça, la personne se met à jouer, et là c’est partie « Oh mince, mais là je me suis pas trompé hier. Oh j’y arrive pas. »

Le discours est parti et on se plante. Bon.

 

Pour l’enregistrement c’est pareil.

Il y a des jours où vous allez enregistrer très bien votre morceau et le lendemain ce sera moins bien. C’est pas grave.

En fait il faut avoir une vision à long terme pour travailler le trac.

 

 

  1. Jouer devant un ami.

Jouez devant quelqu’un de bienveillant.

Vous savez que ce n’est pas un problème si vous faites des fausses notes. Vous savez que c’est quelqu’un en qui vous avez confiance.

Une personne. Une !

Un soir comme ça, vous êtes détendu, hop vous jouez devant cette personne, vous lui proposez bien sûr. Il faut que ça lui fasse envie. C’est pas la peine de forcer les gens.

Si c’est un ami proche, si c’est quelqu’un qui vous apprécie, normalement c’est quelqu’un qui est content de vous entendre.

Sinon il faut peut-être se poser des questions…

 

  • Vous allez augmenter petit à petit le nombre de personnes.

La fois d’après ça peut être un petit groupe d’amis, je ne sais pas, 2 ou 3 personnes.

  • Après ça peut être lors d’une soirée où il y a beaucoup plus de personnes.
  • Après ça peut être dans des endroits bruyants, publics.

Comme dans des gares, dans des magasins de piano, dans des centres commerciaux.

Là les gens ne sont pas là pour vous écouter forcément. Ils s’arrêtent si ça leur plait sinon ils passent.

Et c’est bruyant donc les gens ne sont pas centrés sur vous. Ça c’est donc encore une étape.

  • Après c’est les auditions dans les écoles de musique.

 

Je pense que la plupart d’entre vous ne cherchez pas à faire des concerts donc c’est pas le but ici.

Je pense que ce que vous aimeriez beaucoup c’est pouvoir jouer devant vos amis, tout simplement, et pouvoir leur montrer quand même ce que vous savez faire.

 

 

  1. Montrer ce que vous savez faire

C’est un peu le problème souvent.

Les gens savent que vous savez faire du piano. Que vous savez jouer du piano depuis très longtemps. Et vous demandent souvent « Oui mais pourquoi tu ne veux pas jouer ? » ou encore « Oh quand même, fais pas ta chochotte ! », et vous-même vous vous dites à l’intérieur « C’est quand même dommage, ça fait 20 ans, 15 ans, 5 ans, 1 an que je joue du piano et j’arrive pas à montrer à ces gens le moindre morceau. De jouer devant eux pour leur montrer un petit peu ce que je sais faire. »

 

Justement il y a quelque chose d’un peu pervers là-dedans.

 

En tant que musicien, vous n’êtes pas là pour montrer ce que vous savez faire.

Vous êtes là pour prendre du plaisir et le partager avec des gens.

Ça c’est vraiment important.

  • C’est la différence entre la réussite et le partage.
  • C’est la différence entre la performance et la joie de vivre.

Vous voyez ce que je veux dire ?

Il faut vraiment changer ça dans votre tête. Vous n’êtes pas là pour montrer aux gens que vous savez faire quelque chose, ou un résultat par rapport aux mois ou aux années de pratique que vous avez.

Vous êtes là juste pour vous faire plaisir et pour partager.

 

A n’importe quel niveau c’est vraiment ça l’enjeu je pense.

Même quelqu’un comme Alexandre Tharaud, qui a écrit un livre dernièrement dont j’ai écrit un article, je vous mettrais le lien en-dessous, dit qu’il faut changer ça, l’idée de la réussite.

L’important c’est de plaire au public. C’est de plaire au jury si vous passez des examens.

Lui il fait des concerts tous les jours. C’est son métier.

 

Donc je pense qu’à n’importe quel niveau on parle de ça.

 

Alors bien sûr, du coup, ça suppose quand même que vous soyez à l’aise et que pour vous la musique soit un plaisir.

Et ça c’est encore une autre histoire et je ne vais pas rentrer là-dedans maintenant parce que ça fait déjà 18 minutes que je parle et je ne voudrais pas que le podcast soit trop long.

Si pour vous au départ c’est quelque chose de très difficile et compliqué, jouer devant quelqu’un c’est trop tôt déjà.

 

Pour commencer essayez de prendre du plaisir, d’avoir des morceaux qui vous plaisent à vous-même. Parce que vous êtes la première personne concernée à la base.

Et après vous pourrez partager.

Mais vous ne pourrez partager que si votre vase est plein.

 

Je vais finir là-dessus. Je n’ai pas tout dit. Je reviendrais sur ce sujet peut-être dans des articles un petit peu plus synthétiques.

Mais là je voulais juste partager avec vous ces idées en vrac qui, je pense, sont fondamentales.

 

Après il y a d’autres petites techniques que je pourrais vous donner prochainement, mais qui pour moi sont des petites choses périphériques et qui sont là pour vous aider.

Mais s’il n’y a pas le fond, c’est à dire le plaisir et le partage du son, la présence à son corps, le bonheur d’être là, le reste ne fera pas effet ou sera vraiment très faible.

 

Voilà je vous laisse là-dessus, je vous souhaite une très bonne journée et on se retrouve bientôt.

Au revoir.

 

 

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2 commentaires

  1. Très bon article, permettez moi une remarque constructive.
    L’écoute est gâchée par le grand nombre de ‘’heu’’ qui parasitent le message. Un texte lu serait beaucoup agréable à écouter.
    Meilleures salutations.

    Répondre
    1. Merci Alain pour le compliment.
      Pour ce qui est de mon expression orale, j’ai tout à fait conscience de ces « heu » qui m’exaspèrent moi-même au montage. Je compte bien petit à petit réduire leur nombre, mais pour le moment je tiens à rester spontanée le plus possible, afin de me concentrer sur le contenu. La forme s’améliorera dans le temps ! On ne devient pas animatrice de radio en un jour. Je vous prie donc de m’excuser par avance pour les prochains podcasts… 🙂
      Merci en tout cas du retour et j’en prends note.

      Répondre

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